International

Tension entre Paris et Téhéran alors que deux ressortissants français sont emprisonnés en Iran

Les relations diplomatiques entre l'Iran et la France se sont tendues en décembre alors que deux chercheurs de nationalité française sont emprisonnés dans le pays pour «espionnage» et «collusion contre la sécurité nationale».

Les autorités iraniennes ont dénoncé le 29 décembre une «ingérence» de Paris dans l'affaire Fariba Adelkhah, une anthropologue de nationalité française et iranienne détenue en Iran pour des accusations d'«espionnage». Le 27 décembre, le ministère français des Affaires étrangères a convoqué l'ambassadeur d'Iran à Paris pour dénoncer la détention «intolérable» de l'anthropologue et du chercheur français Roland Marchal.

Les Affaires étrangères françaises ont fait part dans un communiqué de leur «extrême préoccupation» sur la situation de Fariba Adelkhah «qui a cessé de s'alimenter, et réitéré [leur] demande d'accès consulaire». «Comme le président de la République et le ministre l’ont souligné à plusieurs reprises, leur emprisonnement est intolérable»,a-t-on par ailleurs pu lire.

Une «ressortissante iranienne» selon Téhéran 

L'Iran, qui ne reconnaît pas la double nationalité, considère cette femme comme une de ses ressortissantes. «Le communiqué du ministère français des Affaires étrangères au sujet d'une ressortissante iranienne est un acte d'ingérence. Nous considérons cette demande comme n'ayant aucune base légale», a déclaré le porte-parole iranien des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, dans un communiqué.

«La personne en question [...] a été arrêtée pour des actes d'espionnage», a-t-il ajouté, précisant que l'avocat de la chercheuse avait été informé des détails du dossier. S'agissant de Roland Marchal, il est détenu pour avoir «comploté contre la sécurité nationale», et son consulat a pu avoir accès à lui «à de nombreuses reprises», a précisé Abbas Moussavi. Son avocat est en contact avec la justice, selon lui.

L'anthropologue, spécialiste du chiisme, et Roland Marchal, spécialiste de la Corne de l'Afrique, tous deux membres du Centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris, sont détenus en Iran depuis le mois de juin.

Grève de la faim et de la soif

Selon le CERI, une universitaire australienne détenue avec Fariba Adelkhah, Kylie Moore-Gilbert, a elle aussi entamé une grève de la faim. Elles ont également débuté une grève de la soif, d'après d'autres sources, dont le quotidien français Le Monde. Les deux chercheuses sont toutes deux accusées d'«espionnage». Dans une lettre ouverte adressée au Centre pour les droits humains en Iran, basé à New York, les deux femmes universitaires ont déclaré avoir été soumises à de la «torture psychologique» et à des «nombreuses violations de [leurs] droits humains fondamentaux».

Qualifiant de «grotesques» les accusations iraniennes à l'encontre des deux universitaires français, certains de leurs confrères ont appelé en octobre la France à suspendre toute coopération scientifique et universitaire avec Téhéran en signe de protestation.

Lire aussi : Le Drian menace de déclencher le mécanisme de sanctions contre l'Iran, Téhéran s'insurge