Le président turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé ce 26 décembre que le parlement turc voterait en janvier une motion autorisant l'envoi de troupes en Libye pour soutenir le gouvernement d'union nationale (GNA) face aux forces de l'homme fort de l'est libyen Khalifa Haftar.
Nous soutiendrons par tous les moyens le gouvernement de Tripoli, qui résiste contre un général putschiste soutenu par des pays arabes et européens
«Nous allons présenter la motion pour l'envoi de soldats en Libye dès la reprise des travaux du Parlement» le 7 janvier, a déclaré le chef d'Etat turc lors d'un discours à Ankara. «Nous pourrons ainsi répondre favorablement à l'invitation du gouvernement libyen légitime», de l'aider militairement, a-t-il ajouté.
«Nous soutiendrons par tous les moyens le gouvernement de Tripoli, qui résiste contre un général putschiste soutenu par des pays arabes et européens», a-t-il poursuivi, se référant au maréchal Haftar.
En réaction, le ministre libyen de l'Intérieur du GNA, Fathi Bachagha, a annoncé qu'il pourrait demander officiellement un soutien militaire turc en Libye pour faire face aux forces du maréchal Khalifa Haftar.
Le maréchal Haftar a «fourni à des forces étrangères des bases militaires en Libye [...] et si cette position se poursuit, nous avons le droit de défendre Tripoli et nous demanderons officiellement au gouvernement turc son soutien militaire», a-t-il déclaré à la presse. L'objectif de ce soutien militaire turc sera d'«écarter les forces mercenaires et leurs bases [militaires] fournies par Haftar à des pays étrangers sans accord du GNA», a ajouté le ministre libyen.
Un accord de coopération militaire et sécuritaire signé par Ankara avec le GNA
Le Parlement turc a déjà approuvé le 21 décembre un accord de coopération militaire et sécuritaire signé avec le GNA le 27 novembre lors d'une visite à Istanbul de son chef Fayez el-Sarraj. L'accord permet aux deux parties d'envoyer dans l'un et l'autre pays du personnel militaire et policier pour des missions d'entraînement et d'éducation, ont indiqué des responsables turcs.
Pour obtenir l'autorisation de déployer des forces combattantes en Libye, le gouvernement turc doit faire approuver par le parlement un mandat séparé, comme il le fait tous les ans pour envoyer des militaires en Irak et en Syrie. Ankara avait également signé, lors de la visite de Fayez el-Sarraj, un accord de délimitation maritime qui permet à la Turquie de faire valoir des droits sur de vastes zones en Méditerranée orientale convoitées par d'autres pays, notamment la Grèce.
Le 10 décembre, Recep Tayyip Erdogan avait déclaré que la Turquie était prête à déployer des troupes en Libye pour soutenir le GNA si celui-ci – qui fait face à un assaut des forces du maréchal Haftar – en faisait la demande. Le maréchal Haftar est soutenu par l'Arabie saoudite, l'Egypte et les Emirats arabes unis, pays qui ont tous des relations tendues ou limitées avec la Turquie et un autre allié du GNA, le Qatar.
Le président turc affirme que les forces de Haftar bénéficient aussi du soutien d'une compagnie de sécurité russe, relayant des informations de presse démenties par Moscou sur la présence supposée de mercenaires russes en Libye. Les déclaration de Recep Tayyip Erdogan sur l'envoi de troupes en Libye surviennent au lendemain d'une visite surprise en Tunisie, au cours de laquelle il a notamment évoqué le dossier libyen avec son homologue tunisien Kais Saied.
Lire aussi : En cas de sanctions, Erdogan menace de fermer deux bases stratégiques américaines