Lors d'un discours devant l'Assemblée constituante vénézuélienne ce 15 décembre, Nicolas Maduro a déclaré que des agents du renseignement militaire vénézuélien s'étaient rendus, dans la nuit du 13 au 14 décembre, au domicile de Yanet Fermin, députée du parti de Juan Guaido «Volonté populaire», accusée d'avoir ourdi un complot avec son collègue Fernando Orozco. Ce complot prévoyait, selon les autorités, des attaques contre deux casernes de l'armée vénézuélienne.
Comme le rapporte l'AFP, Nicolas Maduro a fait savoir que simultanément à l'intervention menée au domicile de Yanet Fermin, le diplomate américain James Story, qui dirige le Bureau des affaires vénézuéliennes créé au mois d'août au sein de l'ambassade américaine à Bogota, avait téléphoné au vice-ministre vénézuélien des Affaires étrangères pour l'Amérique du Nord, Carlos Ron, afin de s'enquérir du sort de la députée. «Pourquoi James Story appelle-t-il pour se préoccuper de [Yanet Fermin], à la première seconde de l'opération ? Une députée banale, que personne ne connaît ?», s'est interrogé le président vénézuélien. Une manière de laisser entendre que le diplomate américain serai partie prenante du complot ?
En tout état de cause, Nicolas Maduro a attribué la responsabilité de ce complot à Juan Guaido, chef du Parlement dominé par l'opposition et auto-proclamé président du Venezuela par intérim. Ce dernier a qualifié de «roman» les accusations contre les deux parlementaires.
Le 12 décembre, une rencontre entre James Story et le chef de la diplomatie vénézuélienne, Jorge Arreaza, avait eu lieu dans un contexte diplomatique tendu entre les deux pays. Le ministre vénézuélien avait alors remis au diplomate américain une note de protestation au sujet de plans de coup d'Etat contre le Venezuela, pour lesquels Caracas tient l'administration américaine responsable.
Tentatives de coups d'Etat au Venezuela : Caracas sur ses gardes
Ce n'est pas la première fois que le Venezuela s'inquiète de tentatives de coups d'Etat liées à l'étranger. Au mois de juin 2019, une vidéo diffusée sur la télévision publique vénézuélienne montrait des échanges présumés entre opposants, captés par des agents infiltrés. Le ministre vénézuélien de la Communication avait alors assuré qu'une opération planifiant la mort de Nicolas Maduro avait été déjouée. Selon le ministre, «cette tentative de putsch impliqu[ait] l'opposition, les Etats-Unis, la Colombie, le Chili», mais aussi l'ambassade du Panama et un «groupe d'Israéliens qui devaient venir assassiner le président Maduro».
Le 4 août 2018, le discours du président vénézuélien lors d'une cérémonie militaire à Caracas avait été interrompu par une attaque de drones explosifs. Les autorités vénézuéliennes avaient expliqué que le président Nicolas Maduro avait réchappé d'un attentat, accusant notamment l'«extrême droite» de Colombie.
En 2002, le président Hugo Chavez avait été victime d'un coup d'Etat fomenté par les milieux d'affaires. Les Etats-Unis avaient reconnu le très éphémère gouvernement du putschiste Pedro Carmona, Hugo Chavez regagnant rapidement le pouvoir avec l'aide de militaires loyaux et grâce à la mobilisation massive de sympathisants sortis dans les rues de Caracas.