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La Suède teste pour la première fois le trafic aérien depuis une tour de contrôle… vide

A l’époque où des bévues mortelles arrivent toujours et des hackers infiltrent les environnements les plus sécurisés, un aéroport suédois met à l’épreuve la navigation depuis une tour téléguidée, contrôlée à distance.


Vous-êtes-vous déjà imaginé atterrir dans un aéroport sans surveillance ? Bienvenue à l’aéroport d'Örnsköldsvik en Suède, où une tour de contrôle dépourvue de personnel guide les avions dans leurs manœuvres. Cela peut paraître effrayant au début, mais la personne qui contrôle votre atterrissage se trouve à 144 kilomètres de là, dans un autre complexe.

Mais la science est moins chère et plus avancée, comme disent les experts. «Il y a beaucoup de technologies de vidéosurveillance qui permettent de déceler des choses qui ne sont pas visibles à l’œil nu», a expliqué à AP Pat Urbanke de Searidge Technologies, la société à l’origine de cette technologie.

«Nous comprenons que la vidéo ce n’est pas comme la vraie vie telle qu’on la voit par la fenêtre. C’est un autre moyen de surveillance», a-t-il ajouté.

L’œil humain est un instrument merveilleux mais est-ce qu’il peut voir dans le noir ? Et qu’en est-il de la vision humaine en plein brouillard, sans capteurs thermiques ? Ou bien, est-ce qu’il peut voir et calculer tous les angles morts en temps réel ? Et qu’en est-il des animaux ou des objets égarés qui peuvent mettre en danger un atterrissage ?

Mais cette technologie ne fonctionne pas encore à Örnsköldsvik puisqu’il subsiste toujours des obstacles légaux à surmonter. Cet aéroport est un banc d’essai important pour cette technologie, car non loin de Stockholm, et fréquenté par de nombreux vols internationaux.

Cependant, les 80 000 voyageurs annuels de passage à cet aéroport ne justifient pas l’emploi d’un personnel de contrôle à plein temps dont le coût s’élève à 154 000 euros par contrôleur. En multipliant cette somme par six, le nombre nécessaire d’employés, et en ajoutant des coûts supplémentaires d’entretien, des installations de confort tels que la climatisation, les ascenseurs, l’espace additionnel, les systèmes à commande manuelle, et vous ferez face à une facture bien plus salée.

La technologie conçue par Saab, le constructeur aéronautique suédois, a commencé ses tests en avril. Pour le moment une tour de 24 mètres s’élève au-dessus du site, abritant 14 caméras à haute définition et transmettant les vidéos à l’aéroport de Sundsvall. L’aéroport continue de payer les salaires, le système étant encore à l’essai. Mais dans le futur, l’idée est de construire des petits aéroports et rassembler tous les contrôleurs ensemble dans un bâtiment éloigné.

L’idée ne concerne plus la Suède exclusivement. Saab continue de perfectionner ses instruments et ne dispose pas de l’approbation réglementaire sur certains détails. L’entreprise a déjà des projets en Norvège, en Australie et surtout aux Etats-Unis où des essais ont commencé récemment dans un aéroport de Virginie.

Dans le même temps, le concurrent Searidge veut construire une tour téléguidée pour le principal aéroport hongrois, situé à Budapest, qui accueille 8,5 millions de passagers par an. L’entreprise espère que sa tour sera opérationnelle vers 2017.