Hamid Karzaï a-t-il vraiment présidé l'Afghanistan pendant 10 ans ? Ou serait-il un brin complotiste ? La question se pose après que l'ancien président a déclaré que, selon lui, l'existence d'Al-Qaïda était un «mythe».
Interrogé par la chaîne Al-Jazeera à l'occasion du 14e anniversaire des attentats du 11 septembre, Hamid Karzaï a affirmé «ne pas savoir si Al-Qaïda a existé, ou existe. Pour moi, c'est un mythe. J'ai besoin de choses tangibles avant de dire ce qu'elles sont.»
Une déclaration étonnante de la part d'un homme qui a dirigé le pays supposé servir de base logistique à Al-Qaïda. Mais cette déclaration illustre bien les difficultés dans les relations entre l'ancien président et les Etats-Unis.
Lors de la fin de son règne sur l'Afghanistan, pourtant débuté en lien étroit avec les Américains, il avait en effet refusé de signer un accord de sécurité avec les États-Unis. Cet accord devait autoriser 12 000 soldats étrangers à rester en Afghanistan après 2014. Le traité prévoyait aussi le maintien de bases américaines dans le pays. Il avait finalement été signé par son successeur, Mohammad Ashraf Ghani.
Depuis la fin de son mandat, Karzaï a souvent critiqué les Etats-Unis, estimant que le pays avait «son propre agenda et ses objectifs» dans le maintien d'une force militaire en Afghanistan. Cette déclaration va donc plus loin, même si Karzaï se défend de défendre quelconque théorie conspirationniste. «Dire que quelque chose n'existe pas n'est pas de la conspiration», a-t-il expliqué. «C'est mon jugement, mon ressenti. Peut-être qu'Al-Qaïda est là, mais je ne les ai jamais vu et je n'ai eu aucun retour comme quoi ils opéraient en Afghanistan.»
L'ancien président a tout de même reconnu l'existence des attentats du 11 septembre. Mais là encore, avec un ton laissant sous-entendre un doute. «C'est ce que disent les médias occidentaux. Il n'y a pas de doute, une opération terroriste a eu lieu à New-York et à Washington.»
Quant au fait que ces attentats ont été dirigés par Ben Laden depuis l'Afghanistan, Hamid Karzaï se montre plus sceptique. «C'est ce que j'ai entendu de nos amis occidentaux», répond juste l'ancien président. De quoi entretenir les fréquentes théories complotistes autour du 11 septembre.