Les divisions sur la question des réfugiés se sont clairement exprimées dans les rues du Vieux continent. Alors que certains pays manifestent pour traduire leur volonté d'accueillir les réfugiés, d'autres scandent au contraire leur hostilité. Les déclarations des dirigeants européens reflètent les mêmes divisions.
D'un côté, se trouvent les pays favorables à une répartition des migrants, comme la Suède, l'Allemagne, la France. D'autres se disent prêts à accueillir des réfugiés, à l'instar du Royaume-Uni, mais semblent réticents à se voir imposer une politique migratoire commune. Enfin, les pays de l'Est font bloc contre toute idée de répartition induite par les quotas.
L'Europe qui ne veut pas
Les autorités danoises font figure, dans cette Europe réticente, de fer de lance. Le Danemark a en effet reçu près de 15 000 demandes d’asile en 2014, soit deux fois plus qu'en 2013. En proportion de sa population, il a été le cinquième pays de l’UE, devant l’Allemagne.
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La ministre de l’intégration danoise, Inger Støjberg, a dès lors indiqué que son pays refuserait de rejoindre le système de répartition centralisé de réfugiés entre pays de l’Union européenne envisagé par Bruxelles. La pays dispose en effet, à l'instar du Royaume-Uni et de l’Irlande, d’une option de retrait de la politique d’asile commune.
Parallèlement, le Danemark a acheté des espaces publicitaires dans quatre journaux au Liban pour avertir les candidats à l’émigration qu'il avait durci les conditions d’installation : réduction de 50% des allocations, impossibilité du regroupement familial durant la première année, permis de résidence permanent accordé pas avant 5 ans, obligation de parler et de comprendre le danois. Au pouvoir dans le pays, la droite danoise avait remporté les législatives en juin dernier grâce aux voix du Parti du peuple, seconde force politique du pays résolument anti-immigration.
Pourtant la population danoise semble partagée : en effet à Copenhague, ce sont 30 000 personnes qui ont manifesté en faveur de l’accueil des réfugiés. Ils avaient répondu à un appel de solidarité publié sur Facebook.
De l'autre côté de l'ancien rideau de fer, le ton est défiant à l'égard des réfugiés. Ainsi en Pologne, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Varsovie avec pour mots d'ordre : «l'islam, c'est la mort de l'Europe». Si la Pologne avait accepté d'accueillir 2000 réfugiés, le pays refuse la logique des quotas.
A Prague ou à Bratislava, mêmes craintes et mêmes manifestations, avec certains mots d'ordre appelant à quitter l'Union européenne. Le Premier ministre slovaque Robert Fico a également annoncé qu'il s'opposerait aux quotas de migrants. Or c'est précisément cette proposition qui doit être validée à l'occasion du sommet bruxellois de ce 14 septembre.
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Enfin, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a réclamé un plan européen de trois milliards d'euros pour aider les pays voisins de la Syrie. La Turquie, le Liban, ou encore la Jordanie hébergent en effet quatre millions de réfugiés. La Hongrie, quant à elle, a érigé une double clôture de fils de fer barbelés à la frontière serbe.
L'Europe qui ne peut plus
En Allemagne, la mobilisation populaire semble être en baisse. Ainsi à Berlin, seules quelques centaines de personnes seulement ont manifesté pour un meilleur accueil des réfugiés en Europe. Le pays a accueilli 450 000 personnes depuis le début de l’année.
C'est surtout à Munich que la situation se fait difficile : «jusqu’à 13 000» réfugiés étaient attendus dans la ville pour la seule journée du 12 septembre. Les capacités d’accueil commencent à être saturées. Face à ce flux de réfugiés, Berlin a ainsi décidé de rétablir provisoirement des contrôles à sa frontière.
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Or, le vice-chancelier allemand, Sigmar Gabriel, a estimé que l'Allemagne pourrait accueillir jusqu'à un million de réfugiés en 2015. Ce chiffre est largement au-delà des 800 000 migrants attendus par Berlin.
Cependant, à Londres, des milliers de manifestants ont défilé pour réclamer plus de solidarité avec les réfugiés. Le tout nouveau leader du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, s’est joint au rassemblement.