«Nous avons toujours été complètement transparents et n’avons menti à personne», écrit George Tenet, directeur de la CIA (Agence centrale de renseignement) entre 1996 et 2004.
«En disant que cela "ne doit jamais se répéter", c’est une trahison de ceux qui ont pris des risques pour la sécurité collective (…) tout en suivant des directives claires et licites établies par les législateurs», poursuit Porter Goss, son successeur à ce poste (2004-2005).
C’est comme ça que les anciens responsables du renseignement américain ont voulu justifier leurs «techniques d’interrogatoire renforcées», dans un nouveau livre «Réfutation : la CIA répond au rapport de la commission du renseignement du Sénat sur la torture».
La réprobation générale suite à la révélation des méthodes utilisées par le renseignement américain sur les prisonniers ne semble pas changer l’opinion de la CIA elle-même, qui continue de défendre ces procédés. Le rapport publié par le Sénat «a laissé le peuple américain sous une impression scandaleusement fausse», estiment les responsables de l’Agence, selon leur ouvrage.
D’après ce «scandaleux» rapport du Sénat, rendu public en décembre 2014, l’agence a outrepassé son mandat en pratiquant des actes de torture en mentant sur ce sujet. Des dizaines de détenus ont été soumis à la torture, en particulier à la simulation de noyade et à des simulacres d'exécution ainsi qu’à d’autres traitements abusifs, dont les résultats furent d’ailleurs peu probants, lit-on dans le document.
La publication de ces révélations avait fait beaucoup de bruit sur la scène internationale. Le rapporteur spécial de l’ONU sur la promotion et la protection des droits de l'Homme, a estimé que la CIA «a commis des violations systématiques et flagrantes des droits de l’Homme» et en a appelé à la justice pour punir les responsables, appel rejoint par de nombreuses organisations de droits de l’Homme tels que Human Rights Watch et Amnesty International.
Même les plus hauts responsables politiques des Etats-Unis ont admis la brutalité de ces «techniques d’interrogatoire». En août 2014, le président Barack Obama avait solennellement déclaré : «Je vais être très clair, juste après le 11 septembre, nous avons fait de mauvaises choses. Nous avons aussi fait beaucoup de choses bien… mais nous avons torturé quelques personnes. Nous avons fait des choses qui sont contraires à nos valeurs».
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Le sénateur John McCain a aussi dénoncé cette pratique, qui a «entaché l’honneur national».
En juin 2015, le Sénat américain a adopté l’interdiction de procéder à plusieurs formes de tortures, largement pratiquées auparavant par le renseignement américain. D’après le nouvel amendement à la Loi sur la défense nationale, les interrogatoires doivent désormais être tenus dans les strictes limites de la législation américaine.