«Après avoir examiné soigneusement tous les arguments de ce débat juridique, [nous concluons que] l'établissement de colonies de civils israéliens en Cisjordanie n'est pas en soi contraire au droit international», a déclaré le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo, le 18 novembre. Une position américaine qui va à l'encontre de la résolution 2234 du Conseil de sécurité de l’ONU de 1967 qui considère les colonies comme une «violation du droit international humanitaire», une position suivie par une grande partie de la communauté internationale.
Si Israël a salué cette annonce américaine, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme a réaffirmé sa position selon laquelle les colonies de peuplement israéliennes au sein des territoires palestiniens occupés étaient contraires au droit international.
En outre, nombre d'Etats ont fait entendre leur incompréhension ou leur colère face à la décision américaine.
Les pays arabes et la Turquie montent au créneau
Ahmed Aboul Gheit, le secrétaire général de la Ligue arabe, a estimé que la décision américaine allait «inciter les colons israéliens à exercer davantage de violence et de brutalité à l'encontre du peuple palestinien, et allait entraver toute perspective de paix juste». Une position peu ou prou défendue par les pays arabes, individuellement.
C'est ainsi que Ayman Safadi, le ministre des Affaires étrangères de la Jordanie, pays frontalier à Israël, a dénoncé dans un tweet «une action illégale qui enterrera la solution à deux Etats».
Dans le même ordre d'idée, l'Egypte, par la voix de son ministre des Affaires étrangères Sameh Choukri, a jugé que «le statut des colonies israéliennes [était] illégal et contraire au droit international».
Même son de cloche du côté du Koweït, qui a affirmé que la décision de Washington compromettait «les chances de paix» et du Qatar, qui a «rejet[é] la déclaration des Etats-Unis» et réitéré «son soutien à la cause palestinienne».
De même, le chef de la diplomatie turque, Mevlut Çavusoglu, a martelé qu’Israël ne se situait pas «au-dessus du droit international». Avant de poursuivre sur Twitter : «Aucun pays n’est au-dessus de la loi internationale. Les déclarations sous forme de faits accomplis n’ont aucune validité eu égard au droit international.»
Des voix européennes à rebours des Etats-Unis
De nombreuses critiques sont également venues du Vieux Continent. L’Union européenne (UE) a déclaré qu’elle continuait de considérer que les activités israéliennes de peuplement dans les territoires palestiniens occupés étaient illégales au regard du droit international, et compromettaient les perspectives d’une paix durable. «L'UE demande à Israël de mettre fin à toute activité de colonisation, conformément à ses obligations en tant que puissance occupante», a fait savoir le chef de la diplomatie de l'UE Federica Mogherini.
«La politique israélienne de colonisation dans les territoires occupés est illégale au regard du droit international», a estimé la diplomatie française dans un communiqué. La France considère que la colonisation «sap[ait] la solution des deux Etats».
Même son de cloche côté allemand, Berlin considérant les colonies de peuplement israéliennes comme «contraire au droit international».
«La position du Royaume-Uni sur les colonies n'a pas changé. Elles sont illégales au regard du droit international, constituent un obstacle à la paix, et menacent la viabilité d'une solution à deux Etats», a déclaré une porte-parole du Foreign Office, le ministère des Affaires étrangères britannique.
Hors UE, la Norvège a jugé que l'annonce américaine «sur la légalité des colonies israéliennes en Cisjordanie ne nous amen[ait] pas plus près d'une solution politique au conflit et [pouvait] rendre les efforts de paix encore plus difficiles». Et la Suisse a considéré que les colonies israéliennes étaient «illégales au regard du droit international, en particulier de la quatrième Convention de Genève».
Une décision qui exacerbe les tensions, selon Moscou
Enfin, la diplomatie russe a jugé la décision de Washington comme «une nouvelle mesure en contradiction avec les bases juridiques d’un règlement [du dossier] du Proche-Orient». La Russie considère, en outre, qu'elle exacerbe les tensions israélo-palestiniennes.