Samedi 16 novembre
La Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l’homme de l'ONU Michelle Bachelet dénonce ce 16 novembre «l'usage disproportionné de la force par la police et l'armée» en Bolivie.
Cet usage excessif de la force «est extrêmement dangereux» et pourrait conduire à ce que la situation «dégénère», a-t-elle ajouté dans un communiqué.
Au moins cinq paysans pro-Morales ont été tués à Cochabamba, fief du président déchu, lors d'affrontements violents avec les forces de l'ordre. Remplacé après avoir été lâché par l'armée, l'ex-président indigène a dénoncé un «massacre».
Vendredi 15 novembre
«Nous allons donner un délai pour quitter le pays au personnel diplomatique de l'ambassade du Venezuela qui représente le gouvernement de [Nicolas] Maduro, car il s'est immiscé dans les affaires intérieures de l'Etat», a déclaré la ministre des Affaires étrangères de Bolivie Karen Longaric.
La première décision de politique étrangère de Jeanine Añez, présidente bolivienne par intérim autoproclamée, a été de reconnaître, le 14 novembre, le dirigeant de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido en tant que président du Venezuela, marquant ainsi son antagonisme face à l'alliance entre Evo Morales et le président socialiste Nicolas Maduro.
L'auto-proclamée présidente par intérim Jeanine Añez a affirmé que l'ex-président Evo Morales pouvait rentrer dans son pays depuis son exil mexicain, mais il devra, selon elle, «répondre devant la justice» d'irrégularités lors de la présidentielle du 20 octobre et d'«accusations de corruption».
Evo Morales «est parti de lui-même» pour le Mexique, et s'il devait revenir en Bolivie, «il doit savoir qu'il devra répondre devant la justice. Il y a un délit électoral et de nombreuses accusations de corruption au sein de son gouvernement», a déclaré Jeanine Añez lors de sa première rencontre avec la presse étrangère, trois jours après son auto-proclamation.
Cuba a dénoncé ce 15 novembre l'arrestation de quatre citoyens cubains en Bolivie, accusés de manière «calomnieuse» de financer les manifestations contre le nouveau gouvernement par intérim de Jeanine Añez, et a exigé à La Paz leur «libération immédiate» et la garantie de «l'intégrité physique de chacun des collaborateurs cubains» présents dans ce pays.
Ces quatre Cubains, dont deux médecins, ont été arrêtés le 13 novembre alors qu'ils revenaient à leur domicile «avec l'argent retiré de la banque pour payer les loyers et les factures des 107 membres de la brigade médicale» cubaine basée à El Alto.
Par ailleurs, La Paz a annoncé ce 15 novembre que Cuba allait rapatrier «725 citoyens cubains qui remplissent des tâches de coopération dans différents secteurs».
La France a «pris acte» de la proclamation d'une présidente par interim, Jeanine Añez, à la tête de la Bolivie et appelé à des élections dans ce pays «dans les meilleurs délais».
«Le Président Evo Morales a annoncé sa démission. La France prend acte de cette décision et des annonces qui ont été faites sur l’organisation de la transition», a déclaré la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
«Elle appelle toutes les parties à la retenue» et «souhaite que de nouvelles élections puissent être organisées dans les meilleurs délais», a ajouté Agnès von der Mühll.
Des responsables du gouvernement de la présidente autoproclamée du pays Jeanine Añez ont menacé le 14 novembre des journalistes locaux et étrangers couvrant les manifestations dans le pays.
Ainsi, la ministre de la Communication du gouvernement autoproclamé, Roxana Lizarraga, a tenté d'intimider les professionnels de la presse qui assistent aux mobilisations. «Pour les journalistes qui font de la sédition, nous agirons selon la loi», a-t-elle déclaré.
«Dans les rues, la "ministre" de la Communication de la "présidente" bolivienne autoproclamée menace d'emprisonner des journalistes qui rendent compte de la répression pour sédition», a dénoncé Evo Morales dans un tweet.
Le 14 novembre, la Chambre des députés bolivienne a de nouveau siégé et élu son président, le socialiste Sergio Choque, membre du parti MAS du président démissionnaire. L'Assemblée n'a pour l'heure pas accepté la démission d'Evo Morales.
Dans l'autre chambre, Monica Eva Copa, du MAS également, a été élue présidente du Sénat lors d'une séance qui a atteint le quorum légal, rapporte Telesur, avec la présence des sénateurs du MAS - qui détient plus des deux tiers des sièges - et au moins six autres de la minorité.
Signe de l’inquiétude de la communauté internationale, l'ONU a dépêché sur place le diplomate Jean Arnault, pour «dialoguer avec toutes les parties» et «trouver une issue pacifique à la crise», a annoncé le porte-parole des Nations unies, Stéphane Dujarric.
Jeanine Añez, présidente bolivienne par intérim autoproclamée, a déclaré le 14 novembre qu'«Evo Morales n'[était] pas habilité à un quatrième mandat» et ne pouvait donc pas se présenter aux prochaines élections, dont la date n'a pas encore été définie.
Elle a toutefois annoncé que son gouvernement avait renoué le dialogue avec le parti du président déchu. Son chef de cabinet, Jerjes Justiniano, a annoncé que des pourparlers avaient débuté avec le Mouvement vers le socialisme (MAS), le parti d'Evo Morales, en exil depuis le 12 novembre suite à sa démission forcée sous la pression de l'armée et de la police.
Jeanine Añez a à cet égard assuré que le MAS «a[vait] le droit de participer aux élections générales» et lui a recommandé de «chercher un candidat».
Maintenant, oui, une guerre civile!
Cette annonce aux allures conciliatrices intervient dans un contexte de tensions extrêmes dans le pays, alors que les partisans de l'ancien président indigène ont redoublé de mobilisation. Comme la veille, une manifestation en provenance de la ville voisine d'El Alto est arrivée en milieu d'après-midi au centre de La Paz, a constaté l'AFP. Ces milliers de manifestants portaient des Wiphalas, le drapeau andin indigène multicolore qu'Evo Morales a introduit comme symbole national en 2009, et scandaient «Maintenant, oui, une guerre civile !».
«Nous voulons qu'Evo revienne», a déclaré à l'AFP Nery, femme aymara de 28 ans, portant la «pollera», la jupe traditionnelle. «On est très en colère contre cette dame [Jeanine Añez] qui s'est autoproclamée» présidente, a-t-elle ajouté.
Le rassemblement s'est toutefois déroulé dans le calme. La veille, des affrontements avaient éclaté dans l'après-midi entre des partisans d'Evo Morales et les forces de l'ordre à La Paz et ailleurs dans le pays.
«Nous reviendrons»
Depuis Mexico, où il est arrivé le 12 novembre pour y bénéficier de l'asile politique, Evo Morales s'est dit prêt à rentrer en Bolivie pour «apaiser» la situation.
Le nouveau gouvernement de La Paz a annoncé qu'il allait présenter une réclamation officielle à Mexico, estimant qu'un exilé politique ne devrait pas être autorisé à faire des déclarations politiques de ce type. Le gouvernement mexicain a répondu que la liberté d'expression des demandeurs d'asile politique ne pouvait être restreinte.
La première décision de politique étrangère de Jeanine Añez a été de reconnaître, le 14 novembre, le dirigeant de l'opposition vénézuélienne Juan Guaido en tant que président du Venezuela, marquant ainsi son antagonisme face à l'alliance entre Evo Morales et le président socialiste Nicolas Maduro.