Retrouver sa terre ravagée par la guerre plutôt que de rester dans un campement libanais ou jordanien. A en croire les Nations-Unies et plusieurs ONG, c’est l’option que s'apprêterait à choisir certains réfugiés syriens. Pauvreté, faim, un futur qui se dérobe sous leurs pieds. Autant de raisons de prendre un risque incommensurable. Les employés chargés de l’aide sur place décrivent une situation précaire. Mendier dans les rues de la capitale jordanienne Amman ou vendre des fleurs au Liban. C’est le quotidien qu’expérimentent bon nombre de familles.
Le programme alimentaire mondial (WFP) amputé
Avec un déficit se chiffrant à 341 millions de dollars, le WFP a du se serrer la ceinture. Et par la même, celle de plus d'un million de réfugiés syriens. «Les gens nous disent être prêts à retourner en Syrie. C’est dire s’ils ont touché le fond pour prendre ce risque. Les dernières coupures dans le programme alimentaire, qui ont laissé la plupart des réfugiés avec 50 centimes par jour pour vivre, ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase» déclare Dina El-Kassaby, porte-parole du WFP.
«Presque tous les réfugiés disent composer en mangeant de la nourriture bon marché et en sautant des repas mais beaucoup retirent leurs enfants de l’école pour les envoyer au travail» souligne-t-elle. Elle raconte voir maintenant des gens supplier aux feux rouges pour de l’aide. Ce qui n’arrivait pas il y a quelques années.
«Au début, les réfugiés qui arrivaient en Jordanie ou au Liban me disaient qu’ils étaient certains qu’ils pourraient rentrer chez eux dans quelques semaines ou quelques mois» raconte Dina El-Kassaby.
La guerre qui secoue la Syrie fait rage depuis plus de quatre ans. Quatre millions de Syriens ont fuit leur pays.
L’Europe, un rêve souvent inaccessible dans les campements
«Beaucoup de réfugiés sont endettés vis à vis de leurs voisins et des propriétaires terriens, les coupes dans le programme alimentaire interviennent comme un déclencheur. Les gens se disent qu’ils ne reçoivent même plus de nourriture, qu’ils n’ont pas d’argent, que personne ne les aide à scolariser leurs enfants. Alors ils pensent que le mieux serait peut-être de retourner en Syrie ou de tenter leur chance à l’étranger.» analyse la porte-parole du WFP.
Et l’étranger, c’est souvent l’Europe. Oui mais voilà. La plupart de ces réfugiés n’ont pas les moyens de tenter le coup. Dina El-Kassaby raconte qu’en Jordanie, la plupart d'entre eux sont trop pauvres pour ne serait-ce que payer le trajet reliant Amman à la frontière syrienne.
A en croire, Melissa Fleming, porte-parole du Haut Commissariat pour les Réfugiés des Nations-Unies (UNHCR), la majorité des Syriens qui ont atteint l’Europe sont partis directement du pays sans passer par les campements des nations voisines.
Les restrictions mises en place par ces pays devant l’afflux de réfugiés l’explique en partie. «Les nouveaux réfugiés ne peuvent pas rester au Liban. Si vous pouvez montrer un ticket d’avion à la frontière libanaise, vous pouvez passer. Dans le cas contraire, c’est non. Les mesures concernant l’entrée des réfugiés sont maintenant très strictes. Mis à part urgence humanitaire exceptionnelle, vous ne rentrerez pas sans ticket d’avion» explique Melissa Fleming. Selon elle, il est également difficile de se rendre en Jordanie.
Elle prévient que l’afflux de nouveaux migrants vers l’Europe ne cessera pas tant qu’il n’y aura pas assez d’argent investi dans les infrastructures des pays hôtes au Moyen-Orient.