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Lavrov : Moscou soutient la lutte de Damas contre Daesh, et pas le gouvernement de Bachar el-Assad

Le chef de la diplomatie russe a souligné à Moscou que la Russie continuera de livrer du matériel militaire au pouvoir légitime en Syrie afin de l’aider à combattre le terrorisme.

«Nous soutenons la lutte de l’Etat syrien contre l’Etat islamique, qui ne représente pas l’islam et ne doit pas être autorisé à devenir un Etat», a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse le 11 septembre. Il a souligné que la Russie livrait du matériel militaire à la Syrie «pour aider à maintenir le niveau de ses capacités de défense contre la menace terroriste».

Le ministre a réaffirmé que les spécialistes militaires russes, dont la présence en Syrie a récemment fait du bruit dans les médias occidentaux, «s’y trouvent depuis longtemps pour entretenir les équipements russes et assister l’armée syrienne lors de leur utilisation, de même que pour buts éducatifs».

En outre, pour Moscou, l’armée syrienne reste la force la plus puissante dans la lutte contre Daesh, les frappes aériennes entamées par les Etats-Unis et leur coalition en Syrie s’étant révélées inefficaces.

«On ne peut pas vaincre Daesh uniquement avec des frappes aériennes, on a besoin de coordination avec les forces au sol», a déclaré Sergueï Lavrov, en rappelant que la coalition dirigée par les Etats-Unis est intervenue sans mandat du Conseil de sécurité de l’ONU et sans le consentement des autorités syriennes.

«Nous appelions depuis le début à un travail collectif, surtout dans un domaine aussi sensible que la lutte contre le terrorisme. Mais mieux vaut tard que jamais : nous appelons toujours les membres de la coalition à commencer à coopérer avec l’armée syrienne et le gouvernement du pays», a souligné le chef de la diplomatie russe.

Le ministre a noté que ce point de vue gagnait du terrain en Europe, plusieurs de ses homologues européens ayant appelé cette semaine à travailler conjointement avec Bachar el-Assad dans la lutte contre Daesh.

«Il faut établir ses priorités : si c’est la lutte contre le terrorisme, il faut laisser de côté d’autres considérations, tels que le renversement du gouvernement syrien. D’autant que les expéricences précédentes de tels renversements, en Irak ou en Lybie, ont abouti à une hausse sans précédent de la menace terroriste et ont permis la création de Daesh», a martelé Sergueï Lavrov.

En savoir plus : Lavrov : les tentatives de renverser Al-Assad aboutiront à la prise du pouvoir par Daesh en Syrie

Alors que les dirigeants français et britannique ont récemment exprimé leur volonté d’augmenter leur présence militaire en Syrie pour y conduire des frappes aux côtés des forces américaines, les ministres des Affaires étrangères de l’Autriche, de la Grande-Bretagne et de l’Espagne ont tous exprimé cette semaine la certitude que des négociations avec l’actuel chef de l'Etat syrien étaient nécessaires pour mettre fin à la crise.

La diplomatie allemande a elle aussi jugé ce jeudi qu’une intervention militaire en Syrie était inadmissible, appelant à poursuivre la recherche d’une solution politique négociée à la crise que traverse le pays depuis plus de quatre ans.

En savoir plus : la diplomatie allemande met en garde contre l'emploi de la force en Syrie

La guerre civile en Syrie, qui a commencé en mars 2011, a déjà fait plus de 220 000 morts d’après les chiffres de l’ONU. Ce conflit oppose les troupes gouvernementales à des «rebelles modérés», opposants à Bachar el-Assad mais pas terroristes pour autant, ainsi qu’à divers groupes terroristes comme Daesh et le Front Al-Nosra.