Avec 95,31% des bulletins dépouillés, le candidat péroniste (centre gauche) Alberto Fernandez a obtenu 47,99% des voix à la présidentielle argentine du 27 octobre, contre 40,48% pour le président sortant libéral Mauricio Macri. Il devient le nouveau président de ce pays de 44 millions d'habitants.
Pour gagner dès le premier tour, Alberto Fernandez devait obtenir plus de 45% des voix, ou bien plus de 40% des voix avec un avantage de plus de 10 points sur le candidat arrivé en deuxième position.
Selon le ministère de l'Intérieur, la participation au scrutin a été de plus de 80%.
«C'est un grand jour pour l'Argentine», avait déclaré, confiant, Alberto Fernandez, dont la colistière est l'ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), peu après la fermeture des bureaux de vote.
Le président sortant, Mauricio Macri, 60 ans, dont la popularité a fortement chuté l'année dernière en raison de la grave crise économique, avait estimé que deux «visions concurrentes de l'avenir [étaient] en jeu».
Après avoir voté, Alberto Fernandez avait promis de travailler à réduire la forte polarisation politique qui traverse le pays, entre péronistes et partisans de Mauricio Macri qui briguait un deuxième mandat. «"Nous" et "eux", c'est terminé»", a assuré cet avocat de 60 ans, qui avait formé un ticket avec l'ex-présidente Cristina Kirchner (2007-2015), candidate à la vice-présidence.
Le président sortant a félicité son vainqueur et a promis de mener une opposition «saine et constructive». Il a invité le futur chef de l'Etat à déjeuner ce 28 octobre à la présidence, et son invitation a été acceptée par Alberto Fernandez.
Le Mexique et le Venezuela ont rapidement adressé leurs félicitations à Alberto Fernandez. Cette élection «exemplaire et pacifique» reflète «la maturité démocratique du peuple argentin» et la solidité des institutions, a déclaré dans un communiqué le ministère mexicain des Affaires étrangères. Pour le Venezuela, l'élection du candidat de centre-gauche «envoie un message clair du peuple argentin contre l'imposition des criminelles politiques économiques néolibérales du Fonds monétaire international», a estimé le ministère des Affaires étrangères à Caracas.
Pire crise depuis 2001
Le président sortant achève son mandat au milieu de la pire crise économique que l'Argentine ait vécue depuis 2001. En récession depuis plus d'un an, le pays connaît une inflation élevée (37,7% en septembre), une dette massive et un taux de pauvreté en hausse (35,4%, soit un Argentin sur trois).
Mais des investisseurs craignent que le retour au pouvoir d'Alberto Fernandez n'entraîne le retour des politiques interventionnistes de la période du kirchnérisme (2003-2015).
Affaibli par les craintes d'un défaut de paiement du pays, qui a bénéficié d'un crédit de 57 milliards de dollars du FMI, le peso a chuté de 5,86% dans la semaine précédant le vote pour finir à 65 pesos pour un dollar. La monnaie américaine est historiquement le refuge des Argentins en cas de crise.
Habitués aux bouleversements économiques, nombre d'Argentins se sont massés le 25 octobre devant les banques et les bureaux de change pour acheter des dollars ou retirer leurs dépôts.
Alberto Fernandez s'est efforcé de les rassurer. «Que les Argentins soient tranquilles, nous allons respecter vos dépôts», a-t-il déclaré, faisant allusion au spectre du corralito, nom officieux des mesures prises en 2001 en Argentine pour mettre fin à une course à la liquidité et à la fuite des capitaux.
Depuis les primaires, les épargnants argentins ont retiré quelque 12 milliards de dollars de leurs comptes, soit environ 36,4% du total.
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