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Bachar el-Assad destitué dans six mois ? La Syrie rejette la proposition britannique

Par l’intermédiaire de son ministre de l’Information, Damas s’est vivement opposée à la proposition formulée par le Royaume-Uni mercredi. Londres souhaite laisser le président syrien au pouvoir durant une période de transition avant un départ.

C’est une fin de non recevoir. Au lendemain de la proposition formulée par le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond, les autorités syriennes ont réagi. Et malheureusement pour le royaume, l’idée n’a pas séduit du côté de Damas. Pour rappel, mercredi, Philip Hammond avait émis le souhait de voir le président syrien conserver le pouvoir pour «une courte période» de transition.

A terme, Bachar el-Assad devrait laisser le pouvoir à l’opposition modérée. De plus, cette «période de transition» serait assortie de conditions. L’appareil de sécurité du chef d’Etat devrait être démantelé. Une suggestion qui n’a pas plu au ministre de l’Information syrien, Omran al-Zoubi. «Qu’est-ce qui donne au ministre des Affaires étrangères britannique le droit de décider pour les Syriens combien de temps leur président doit rester au pouvoir ?» s’interroge-t-il.

Le délai de six mois a particulièrement du mal à passer. «Et si je suggérais que Cameron ne devait pas rester au pouvoir plus de quelques jours et que Hammond devait partir avant la fin de la journée ? Serait-ce juste d’interférer avec la volonté du peuple du Royaume-Uni ?», demande Omran al-Zoubi.

Il a insisté sur la réélection du président el-Assad l’année dernière. Réélection que l’opposition syrienne et l’Occident, Etats-Unis en tête, ne veulent pas reconnaître. «Il n’y a aucun moyen qu’un homme ayant répondu par la violence à une protestation de son peuple puisse gouverner à nouveau» selon l’administration Obama.

En savoir plus : Selon les services secrets, les Etats-Unis auraient sciemment soutenu Daesh pour isoler Assad

Une politique irrationnelle et illogique

Le ministre d’el-Assad a pointé l’incohérence de la politique étrangère britannique en ce qui concerne la Syrie et a rappelé que son pays se bat férocement contre Daesh. Il a demandé à Londres de «joindre les actes à la parole» : «Pour vaincre le terrorisme, il ne faut pas ignorer ceux qui se battent réellement contre l’Etat islamique. Je ne comprends pas Cameron. Le comportement du gouvernement britannique renvoi au temps des colonies. Il faut qu’ils abandonnent les sanctions contre la Syrie qui ont déjà tant coûté au peuple. Ces sanctions et Daesh sont les deux faces du terrorisme.»

L’Arabie saoudite en ligne de mire

«Nous ne laisserons pas la Syrie devenir un émirat extrémiste. Elle ne sera pas une nouvelle Arabie saoudite» attaque le représentant syrien. Riyad est fortement critiqué par le régime de Damas qui l’accuse de financer et de soutenir le terrorisme. Omran al-Zoubi la qualifie même de «General Motors» d’un terrorisme qu’elle «exporte partout dans le monde». Selon le ministre, l’Arabie saoudite serait impliquée dans les attentats du 11 septembre.

Le Qatar et la Turquie en prennent également pour leur grade. Ils sont accusés de supporter l’Etat islamique. «C’est incroyable qu’un membre de l’Otan fasse partie du système terroriste» analyse le représentant syrien.

La Russie et l’Iran, de vrais amis

Omran al-Zoubi en a profité pour rappeler la confiance de Damas en ses alliés russes et iraniens qu’il qualifie de «vrais amis». Moscou a d’ailleurs augmenté son aide militaire à la Syrie par la livraison d’équipements et la formation.

Le ministre a évoqué la crise des migrants qui frappe actuellement l’Europe. Sans surprise, il a pointé du doigt la responsabilité des gouvernements occidentaux et de leurs alliés. Notamment les interventions militaires, de la Libye au Yémen en passant par la Syrie.