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Le Point qualifie Recep Erdogan d'«éradicateur», le président turc porte plainte contre le magazine

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a porté plainte devant la justice turque contre le directeur de l'hebdomadaire français Le Point qui, en une de son dernier numéro, le qualifie d'«éradicateur» des Kurdes de Syrie.

L'avocat de Recep Tayyip Erdogan, Hüseyin Aydin, a déposé une plainte le 25 octobre contre le magazine français Le Point auprès du bureau du procureur général d'Ankara pour «insulte au chef de l'Etat», a fait savoir l'agence de presse étatique Anadolu.

Cette plainte, qui dénonce une atteinte à l'«honneur et à la dignité» du président turc, vise le directeur de l'hebdomadaire, Etienne Gernelle, ainsi que son rédacteur en chef de la rubrique «International», Romain Gubert. La une du Point, qui accuse Recep Erdogan de «nettoyage ethnique» contre les Kurdes de Syrie dans le cadre d'une offensive lancée dans le nord-est de ce pays le 9 octobre, a suscité l'ire du gouvernement turc. Le média qualifie également le chef d'Etat turc d'«éradicateur».

Le 24 octobre, le porte-parole du président turc, Ibrahim Kalin, s'en est pris sur Twitter à la «France qui a colonisé de nombreux pays africains [...], qui a massacré des milliers de personnes et pratiqué le commerce des esclaves».

La Turquie reproche régulièrement aux pays et aux médias occidentaux de présenter son opération en Syrie comme une «guerre contre les Kurdes».

Ankara soutient que son offensive, suspendue depuis la semaine dernière, ne vise que la milice des Unités de protection du peuple (YPG), qualifiée de «terroriste» par la Turquie, mais soutenue par les pays occidentaux contre le groupe djihadiste Etat islamique (EI). Ce n'est pas la première fois que Le Point met en colère les dirigeants turcs. L'an dernier, l'hebdomadaire avait qualifié Recep Erdogan de «dictateur», suscitant une avalanche de protestations à Ankara.

La Turquie est régulièrement accusée par des ONG de porter atteinte à la liberté de la presse et la liberté d'expression. Depuis l'élection de Recep Erdogan à la présidence en 2014, plusieurs milliers de personnes ont été poursuivies en Turquie pour «injure au chef de l'Etat».

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