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Mexique : la version officielle sur le sort des 43 morts démontée par une enquête indépendante

Les conclusions de cette enquête contredisent les faits officiels, expliquant que les 43 jeunes ont été incinérés dans une décharge et relancent l'indignation autour de cette affaire.

Le 26 septembre 2014, 43 étudiants mexicains disparaissent dans des circonstances mystérieuses, alors qu'ils se rendent dans la ville d'Iguala pour manifester contre le gouvernement. Le 7 novembre suivant, les autorités annoncent avoir retrouvé les corps incinérés des étudiants et procèdent à 74 arrestations, obtenant les aveux de membres d'un cartel local.

Une version des fait qui vient d'être mise à mal par un Groupe International d'Enquêteurs Indépendants (GIEI). Après six mois d'investigation et sur un rapport de 500 pages, le groupe pointe du doigt des irrégularités, négligences et des problèmes de concordance dans la version officielle. «Il n'y a aucune preuve qui soutienne l'hypothèse présentée sur la base de témoignages», précise le rapport, signifiant que la recherche des disparus doit continuer.

Élément clé dans l'argumentaire du GIEI : l'incinération des corps. Alors que le gouvernement mexicain avait expliqué que les corps des 43 étudiants avaient été brûlés durant 14 heures avant que leurs cendres ne soient dispersés dans une rivière. Or, d'après Jose Torero, professeur à l'Université de Queensland, en Australie, une telle crémation aurait en réalité nécessité 60 heures et aurait brûlé la végétation alentour. Pourtant, seules des traces de petits feux ont été retrouvées. Par ailleurs, la crémation aurait nécessité 30 tonnes de bois ou 13 tonnes de pneus. Pour Torero, les traces retrouvées ne correspondent pas «ne serait-ce qu'à l'incinération d'un seul corps».

Au-delà d'une contradiction dans les faits, ce rapport met en évidence l'inaction des autorités et pose la question de leur implication dans les faits. La police d'Iguala, déjà soupçonnée d'être de mèche avec le crime organisé, voit son travail de nouveau pointé du doigt. Le GIEI réclame également une enquête sur l'attitude des forces fédérales, critiquant une inaction qui «dans certains cas a probablement précipité la mort». Pour Felipe de la Cruz, porte-parole des parents des disparus, il s'agissait d'un «crime d’État, et l’État doit payer pour les conséquences de ses mensonges, de ses erreurs».