La petite fille se trouvait chez elle ce jour d’été quand un missile est tombé du ciel. C’est son oncle, Talha Amouri, âgé de 21 ans, qui a raconté cette histoire à Buzzfeed. Il se trouvait à l’extérieur quand l’explosion a fait voler la maison en éclat. Il a fouillé les décombres pendant des heures avant de trouver mortes cinq de ses nièces de huit, sept, six, cinq et trois ans.
Mais la plus jeune, Nariman, deux ans, était encore vivante, ses bras enlacés autour du cou de sa mère, qui a aussi survécu au drame. Nariman a été transportée d’urgence à l’hôpital et se trouve pour l’instant sur un lit, couverte de tubes et de bandages. «La fillette est entre la vie et la mort», a confié Talha, les larmes aux yeux.
Une histoire assez habituelle pour une Syrie déchirée par la guerre entre les forces gouvernementales, les rebelles et les terroristes de Daesh. Mais cette fois-là, ce n’était pas un de ces belligérants qui a ruiné la vie de cette famille. Le 11 août, cette zone a été bombardée par les forces aériennes des Etats-Unis qui ont pris pour cible une usine d’un groupe rebelle modéré on ne sait pourquoi.
Presqu’une année après que le président américain Barack Obama a lancé sa campagne de raids aériens en prenant pour cible Daesh ainsi que d’autres groupes extrémistes, Le bilan humain parmi les civils continue de s’alourdir. Selon l’Observatoire syrien des droits de l'Homme, le nombre de morts a dépassé les 200, alors que le Réseau syrien des droits de l’homme annonce 242 victimes parmi les civils.
Les données d’Airwars, le projet dont le but est de collecter et évaluer l’information sur les victimes civiles en Syrie a identifié 86 cas avec la participation de la coalition internationale, a dit Chris Woods, le journaliste d’enquête qui le dirige. Selon lui, 53 cas ont été confirmés par au moins deux sources indépendantes et ont justifié une enquête. Le journaliste estime que le nombre de pertes civiles se situe entre 280 et 340.
Quant à Washington, que pensent-ils à ce propos ? Les données américaines sont beaucoup plus sous-évaluées. Le commandement central de l’armée américaine (Centcom) n’indique que deux morts présumées sur un total de plus de 2 400 frappes, et seulement cinq incidents sont en cours d’investigation pour l’instant.
Mais pourquoi y a-t-il une telle divergence ? Dans une interview à Buzzfeed, un responsable américain a concédé que les responsables américains «ne veulent tout simplement pas l’admettre». «C’est contre leurs intérêts de l’admettre», a-t-il souligné. Un autre responsable, depuis le Département d’Etat, a indiqué que le nombre de morts est beaucoup plus élevé, mais seul un cercle étroit de fonctionnaires est au courant.
Et c’est difficile d’enquêter car c’est très dangereux pour les représentants des organisations humanitaires de se trouver sur les lieux alors que la coalition internationale porte ses frappes depuis les airs. Ce n’était pas le cas en Irak et en Afghanistan, où, malgré cela, le nombre de morts a aussi vu à la baisse par les USA tandis que selon Iraq Body Count, ce chiffre montait à plus de 11 000 personnes depuis le début de l'année.
Les spécualtions sur le nombre réel de pertes civiles entoure la campagne de bombardement qui est menée par les Etats-Unis depuis 2014. Mais cette campagne est effectuée sur l’invitation des autorités de Bagdad et est faite en accord avec le commandement militaire irakien. Ce qui se passe en Syrie n’a pas été approuvé par le gouvernement syrien, c’est-à-dire que la responsabilité en incombe à la coalition internationale. «L’Amérique nous a tué, et elle a dit qu’elle ne tue pas les civils», a lancé, amer, Talha Amouri.