L’Afrique du Sud est le théâtre depuis le 1er septembre d’une énième vague de violences visant les ressortissants étrangers africains, accusés d’être à l’origine des difficultés économiques et sociales du pays. A Johannesburg, la capitale économique, des centaines de personnes, armées de bâtons et de pierres, ont vandalisé et incendié des magasins dans plusieurs artères du centre-ville, réputé pour son insécurité chronique.
Au moins cinq meurtres ont été enregistrés dans la région de Johannesburg, selon un communiqué de la police le 3 septembre.
L'origine de ces violences reste encore floue : si l'AFP affirme qu'elles ont éclaté après la mort de trois personnes dans l'incendie encore inexpliqué d'un bâtiment du centre-ville de Johannesburg, d'autres médias sud-africains expliquent qu'elles ont débuté après le meurtre d'un chauffeur de taxi par un présumé trafiquant de drogue étranger lors d'une émeute à Pretoria.
Selon la police, 70 personnes ont été interpellées le 2 septembre dans la seule ville de Johannesburg. Elle a par ailleurs fait état du meurtre d’un civil sans pour autant apporter plus de précisions sur l’identité de la victime et sur les circonstances du drame.
«Ça suffit ! Nous allons prendre des mesures»
Alors qu’il effectuait une tournée dans les quartiers affectés de Johannesburg, le ministre sud-africain de la Police, Bheki Cele, a estimé devant les journalistes que les violences relevaient plus de la «criminalité» que de la «xénophobie». «La xénophobie sert d'excuse», a-t-il par ailleurs ajouté.
Un jugement qui est loin d'être partagé par le président sud-africain, Cyril Ramaphosa. Ce 3 septembre, dans une vidéo publiée sur Twitter, le dirigeant sud-africain a «condamné dans les termes les plus forts» ces violences xénophobes. «Les attaques visant des commerçants étrangers sont totalement inacceptables, quelque chose qu'on ne peut pas autoriser en Afrique du Sud», a-t-il ajouté souhaitant «que cela cesse immédiatement».
«Il ne peut y avoir aucune justification pour qu'un Sud-Africain s'en prenne à des gens d'autres pays [...] Nous sommes un pays qui est complètement engagé contre la xénophobie. Nous n'autorisons pas et ne nous ne pouvons pas tolérer des attaques contre des gens d'autres pays», a poursuivi le président, annonçant une réunion ministérielle d'urgence.
De son côté, le ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyeama a accusé les émeutiers d'avoir ciblé des magasins tenus par les nombreux ressortissants de son pays. «Ça suffit ! Nous allons prendre des mesures», a-t-il lancé sur Twitter, dénonçant «l'inefficacité» de la police sud-africaine.
D'autres incidents ont été signalés le 2 septembre dans le reste du pays, en lien cette fois avec une grève controversée des chauffeurs routiers sud-africains, qui dénoncent le recours croissant de leurs employeurs à des étrangers. Les forces de l'ordre ont rapporté avoir interpellé au moins 20 personnes dans la seule province du KwaZulu-Natal (nord-est) après l'incendie de plusieurs camions.