Les fantasmes autour de l’engagement de troupes russes auprès de Damas se sont réveillés après les déclarations du président Poutine quand il lui a été demandé de clarifier les intentions militaires de la Russie en Syrie.
«C’est un problème séparé et nous observons ce qui se passe pour l’instant. Par exemple, l’aviation américaine porte des frappes aériennes. Pour le moment, ces frappes ne se sont pas révélées très efficaces, il est trop tôt pour dire si nous sommes prêts à le faire», a déclaré Poutine en répondant aux questions des journalistes à Vladivostok.
«Cependant, nous continuons à fournir à la Syrie un soutien significatif en ce qui concerne l’équipement, l’entraînement des troupes et l’armement. Nous avons signé des contrats majeurs avec la Syrie il y a cinq ou sept ans et nous les respectons totalement», a expliqué le président russe en rappelant à son auditoire que Moscou a honoré ses contrats signés avec le gouvernement syrien.
Mais les médias partout dans le monde ont qualifié la déclaration du président russe comme sensationnelle, en la présentant comme la première reconnaissance de l’engagement militaire de Moscou dans la guerre civile en Syrie.
L’agitation provoquée par ceux qui se sont apparemment perdus dans la traduction a forcé le secrétaire d’Etat John Kerry à s’adresser au ministre russe des Affaires étrangères concernant cette question. Dans sa déclaration, le Département d’Etat a porté un accent particulier sur le fait que Kerry a exprimé «les inquiétudes américaines concernant l’intensification militaire imminente» en Syrie.
«Le secrétaire a fait clairement connaître que si de tels rapports sont vrais, ces actions peuvent faire escalader le conflit et mener à des pertes humaines plus importantes, accroître l’afflux de réfugiés et risquer de faire face à la coalition anti-Daesh en Syrie», a-t-on ajouté dans la déclaration, fournissant ainsi de la matière aux journalistes pour leurs prochains gros titres.
Les inquiétudes de Kerry ont visiblement été alimentées par un article du New York Times supposant que la Russie a fourni à la Syrie des unités de logement préfabriqué ainsi qu’une station portable de contrôle de la circulation aérienne, alors qu’une source anonyme a ajouté que Moscou envisageait le déploiement d’une équipe spéciale de près de 1 000 soldats en Syrie.
En se basant sur un autre responsable anonyme de l’administration américaine, les lecteurs du NYT lisent que le contingent russe sur place pourrait bientôt atteindre 3 000 personnes.
Entretemps, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé que les deux diplomates ont discuté des «différents aspects de la situation en Syrie et ses environs ainsi que les objectifs de la lutte contre Daesh et d’autres groupes terroristes».
La paranoïa ambiante sur la croissante «présence» russe en Syrie a encore augmenté cette semaine avec l’article d’Alex Fishman dans Ynet News intitulé : «Des avions russes dans les cieux syriens». Fishman a affirmé que la Russie a commencé son intervention militaire en Syrie en déployant ses forces militaires pour lutter contre les rebelles islamistes. Mais quand RT a contacté l’auteur pour obtenir plus de détails sur sa source «anonyme», alors plus de réponse.
A la question sur l’information que le Département d’Etat considère si «inquiétante», le porte-parole Mark Toner n’a pas pu donner de perspective supplémentaire.
«Nous avons vu divers rapports de presse qui, comme vous l’avez dit, annoncent que la Russie pourrait déployer en Syrie du personnel militaire ou des avions. Je peux dire que nous observons cette situation de près ; nous effectuons des recherches. Nous sommes en contact avec nos partenaires dans la région pour essayer d’obtenir plus d’information», a souligné Toner. D’y ajouter : «Nous ne sommes pas au courant du but poursuivi par ces articles ou si cela décrit vraiment ce qui se passe».