L'ancienne députée européenne La République en marche, ex-Modem, Sylvie Goulard est en passe de devenir une nouvelle commissaire européenne, sur proposition du chef d'Etat français Emmanuel Macron. Impliquée dans une affaire d'emplois fictifs d'assistants des eurodéputés du parti Modem, elle avait été pourtant contrainte à la démission un mois après son arrivée au gouvernement au ministère des Armées, en juin 2017, «pour être en mesure de démontrer librement [sa] bonne foi». En revanche, Emmanuel Macron semble convenir qu'elle serait une personnalité idoine à Bruxelles et Strasbourg.
Désormais proche de la Commission, elle vient d'ailleurs d'être blanchie par le Parlement européen, comme l'a fait savoir le 30 août le service de presse de celui-ci. L'enquête judiciaire sur ce dossier se poursuit néanmoins en France où d'anciens assistants parlementaires et quelques eurodéputés ont été auditionnés.
Malgré tout, elle pourrait avoir à s'expliquer lors de son examen de passage d'ici fin octobre devant le Parlement européen sur son activité pour un thinktank américain. Un travail grassement rémunéré alors même qu'elle était eurodéputée. Dans sa déclaration d'intérêt, que chaque eurodéputé doit présenter au Parlement européen, Sylvie Goulard a en effet renseigné entre 2013 et 2016 un rôle de «conseillère spéciale» auprès du «Berggruen Institute for governance» pour plus de 10 000 euros brut par mois. Ce montant est supérieur à son indemnité parlementaire d'environ 8 700 euros bruts. Elle mentionnait également, selon Checknews, «avoir touché 2 990 euros en 2013 pour une conférence organisée par le groupe de presse économique et financière, Agefi».
Il s'agit d'une affaire «gravissime», estime une source proche de la majorité contactée par l'AFP, qui juge cette nomination «extrêmement risquée».
«Elle a quand même touché une rémunération élevée d'un think tank américain pour un travail dont on attend de savoir la réalité», s'étonne pour l'AFP le député européen écologiste Yannick Jadot, quand l'ancien eurodéputé de Génération.s Guillaume Balas, se demande comment un parlementaire européen «peut avoir le temps de faire autre chose». «Quand la rémunération est supérieure à l’indemnité, vous travaillez pour qui ?», s'interroge-t-il.
Le think tank en question, créé en 2010 par Nicolas Berggruen, un milliardaire américain et allemand, est une organisation à but non lucratif dont l'objectif est de réfléchir à «la manière de remodeler les institutions politiques et sociales».
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