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Snowden : la réputation des USA se dégrade quand ils s’opposent aux droits de l’Homme et à la loi

En acceptant le prix norvégien de la liberté de parole, le lanceur d’alerte Edward Snowden a noté que la réputation des Etats-Unis se détériore chaque fois qu’ils violent les droits de l’Homme, la loi et leurs propres valeurs.

Cette année, le prix Bjornson de l’Académie de littérature et de liberté d‘expression a été décerné à Edward Snowden qui, dans son intervention devant l’auditoire, s’est élevé contre les voix l’accusant d’avoir nui aux Etats-Unis ou à ses service de renseignement. 

«J’aime mon pays. Je me suis engagé dans l’armée, l’armée de mon pays, avant la guerre en Irak parce que je croyais aux déclarations de mon gouvernement», a déclaré Snowden, par liaison vidéo depuis Moscou. «Malheureusement, tout ce qui a été dit n’était pas honnête», a-t-il ajouté.

Alors qu’il se trouvait de plus en plus exposé à des informations top secrètes, Snowden a mentionné que les déclarations des autorités américaines sur un nombre de questions n’étaient pas «simplement erronées», mais posaient des questions sur «l’interprétation de la loi» par les Etats-Unis.

«Et c’est dangereux au fond. Il s’agit de choses plus importantes que la surveillance, je pense. Il s’agit de démocratie. Il s’agit des relations entre gouvernés et gouvernants», a-t-il indiqué.

En critiquant la collecte massive de données et l’espionnage de «tous» 24 heures sur 24, Edward Snowden a soutenu qu’il restait un patriote, avec la mission de protéger la liberté d’expression et d’informer le public. Dans le même temps, il fait face aux Etats-Unis jusqu’à 30 ans de prison pour des accusations d’espionnage et de vol de propriété gouvernementale.

«Honnêtement, je ne m’attendais jamais à être libre aujourd’hui. Je m’attendais à être en prison, Je ne m’attendais pas à obtenir des prix, Je m’attendais à ce que ma réputation soit ruinée, un certain nombre de responsables très puissants par le monde ayant été personnellement gênés à cause de ces révélations», a-t-il déclaré.

Snowden a prévenu que le monde de «la surveillance totale, la surveillance de masse» est omniprésent dès que les services de renseignement commencent à guetter «tout le monde, partout, tout le temps», au lieu d’enquêter sur des individus en se basant sur des preuves. Il en a profité pour citer l’ex-chef de la CIA et de la NSA Michael Hayden : «Nous tuons les gens en se basant sur des métadonnées». 

«C’est mal en Russie, et cela serait mal n’importe où», a déclaré Snowden. D’y ajouter : «dans certains pays, même dans les pays que nous considérons comme développés comme par exemple la France, l’Autriche, le Canada, nous avons vu des lois plus répressives, plus restrictives qu’auparavant».

Après que Snowden a reçu l’invitation d’Oslo pour recevoir son prix, les Etats-Unis ont pressé la Norvège d’interpeller et déporter Snowden s’il essayait d’entrer sur leur territoire.

«La peur qu’il soit extradé aux Etats-Unis est trop grande», a annoncé à RT Hege Newth Nouri, le président de l’Académie de Bjornstjerne Bjornson. «Edward Snowden mérite et doit obtenir le prix cette année… Je ne peux pas le lui donner en personne car il ne peut pas se rendre en Norvège».

La semaine dernière, les médias norvégiens ont révélé que Washington a demandé expressément à la Norvège, la Suède et le Finlande de les notifier immédiatement de la présence de Snowden sur leur sol et essayer de l’arrêter pour «refus d’entrée sur le territoire, expulsion ou tout autre moyen légal». Nouri a ajouté que les Etats-Unis ont fait pression de tout leur poids sur les responsables politiques norvégiens pour extrader le lanceur d’alerte américain.

Questionné sur ce qu’il pensait sur le fait que Washington demande à d’autres Etats de participer à sa possible extradition, Snowden a confié que «c’est difficile de demander à quelqu’un ce qu’ils pense du gouvernement qui le persécute quand ils essaie simplement de servir son pays, son peuple».

«L’image et la réputation des Etats-Unis souffrent à chaque fois qu’ils se dressent contre les droits de l’Homme», a lancé Snowden. La lutte contre la volonté de Washington, estime le lanceur d’alerte, ne serait donc pas «une attaque» contre les intérêts américains, mais une tentative de «les aider à protéger leur image, leurs lois, leurs valeurs fondamentales».

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«Je ne pense pas que les USA puniraient ces pays», a déclaré Snowden, en défendant quelque part les autorités américaines. «Je pense qu’il y a même un point où ils se demanderaient – pourquoi ne sont-ils pas d’accord avec nous ?», a-t-il ajouté.

En commentant sa vie privée en Russie, le pays qui lui a offert un refuge il y a maintenant deux ans, l’Américain prétend mener une vie «normale», mais étant un patriote, il préférerait «vivre dans son propre pays». Le lanceur d’alerte a dit qu’alors que les Etats-Unis peuvent limiter ses mouvements, il peut s’exprimer de manière libre en Russie, où Washington ne peut l’empêcher de donner des vidéoconférences sur les sujets de la protection des droits de l’Homme.