David Cameron a cédé à la pression populaire. Inflexible depuis le début de la crise des migrants en Europe, le locataire de Downing Street a changé son fusil d’épaule. Fini les discours justifiant le refus des migrants sur son sol pour ne pas encourager ces derniers à de dangereuses traversées de la Méditerranée.
Aujourd’hui, il prêt à accueillir «des milliers» de réfugiés (l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés a parlé de 4 000 mais le nombre n’aurait pas été finalisé). Les 285 000 signatures sur la pétition de The Independant pressant le gouvernement d’accueillir plus de réfugiés et la photographie du petit Alyan échoué sur une plage turque ont tordu le bras à David Cameron. «En tant que père, on ne peut qu’être ému par ces images» avait-il déclaré.
La stratégie de la Grande-Bretagne est la suivante : trouver un moyen d’empêcher les migrants économiques de monter sur des bateaux directions l’Europe et accueillir les réfugiés fuyant la guerre. «La Grande-Bretagne agira avec la tête et le coeur» a résumé le Premier ministre.
Aide aux camps et bombardements
Lors d’une visite en Espagne et au Portugal, le Premier ministre a annoncé une rallonge de 100 millions de livres pour aider les camps de réfugiés en Syrie et dans les pays frontaliers. Soixante millions iront directement en Syrie et le reste aidera les camps situés dans les pays frontaliers comme la Turquie ou le Liban.
L’opposition politique de tous bords se déchaîne contre ce plan jugé insuffisant par certains et dangereux par d’autres. Lord Ashdown, ancien leader du parti Démocrate Libéral l’a même qualifié de «diversion» : «Aucun individu fuyant les champs de bataille de Syrie ne sera aidé par ce plan.» Le leader du parti souverainiste UKIP, Nigel Farage craint lui l’arrivée de terroriste parmi les réfugiés : «N’importe qui, avec n’importe quel vécu, pour n’importe quelle raison peut se dire réfugié. Des membres de l’Etat islamique pourrait avoir un sauf-conduit pour l'Europe.»
Mais au-delà des querelles politiques internes, de nombreux observateurs internationaux pointent l’incohérence de cette politique. David Cameron s’est récemment déclaré favorable à l’extension des frappes britanniques en Syrie contre Daesh. Ces mêmes observateurs avancent que les bombardements ne font qu’aggraver la situation humanitaire du pays et poussent toujours plus de réfugiés à prendre les risques d’une traversée vers l’Europe. Le serpent qui se mord la queue en somme.