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Edward Snowden n’ira pas chercher son prix en Norvège

L’ancien contractant de la NSA a peur de se rendre en Norvège car le gouvernement ne lui a pas garanti sa sécurité malgré les demandes répétées de l’Académie Bjornstjerne Bjornson a qui décidé de lui remettre un prix.

Heg Nouri, la présidente de l’Académie Bjornstjerne Bjornson qui a décerné un prix de 100 000 couronnes (11 500 €)  au lanceur d’alerte «pour son travail de protection de la vie privée et pour avoir braqué une lumière critique sur la surveillance américaine de ses citoyens, ainsi que d’autres» a déclaré dans une interview accordée à RT qu’elle voudrait bien lui remettre son prix en personne mais malheureusement, Edward Snowden ne peut se permettre qu’un entretien via Skype .

«Edward Snowden mérite véritablement ce prix cette année. Je ne pourrai pas vraiment le lui remettre en personne parce qu’il ne peut pas se rendre en Norvège car le risque d’être extradé aux Etats-Unis est trop grand. Nous allons lui parler par Skype. Le prix se compose d’un diplôme, d’une somme d’argent et d’une statuette. L’argent pourra lui être transféré mais pour le diplôme et la statuette, ce sera une prochaine fois car nous sommes toujours en train de travailler à le faire venir en Norvège en toute sécurité», a-t-elle précisé.

Selon les révélations des médias norvégiens, les Etats-Unis ont déjà adressé aux autorités norvégiennes de nombreuses requêtes officielles pour qu’elles arrêtent et extradent le lanceur d’alerte Edward Snowden s’il arrivait dans leur juridiction. De son côté, Oslo n’a pas reconnu avoir cédé à ces pressions mais les autorités norvégiennes affirment qu’elles ont répondu à Washington en notifiant aux gouvernement américain le fonctionnement précis des institution judiciaires démocratiques de leur pays.

«S’ils réclament une extradition, dans un premier temps les autorités compétentes décident, ou non, de déferrer le cas devant la justice. C’est ensuite à la justice de décider si les conditions pour l’extradition sont remplies ou non», a expliqué Joran Kallemyr, secrétaire d’Etat du ministère norvégien de la Justice.

Heg Nouri, pour sa part, s’indigne du fait que les autorités de son pays mettent en péril la sécurité du lanceur d’alerte ainsi que sa réputation. 

«Nous avons vraiment fait pression sur les politiciens norvégiens sur cette question, qui soulève de véritables problèmes que les révélations d’Edward Snowden ont aussi permis de soulever, à savoir : qui doit décider de la politique norvégienne ? Qui doit décider de notre gouvernance ? Pouvons-nous décider nous-même si Edward Snowden peut venir en Norvège ou est-ce à l’Etat d’américain d’en décider pour nous ? Je crois que tout cela est très embarrassant pour le gouvernement norvégien. Il n’y a eu qu’un seul homme politique en Norvège pour s’exprimer ouvertement en faveur de la remise de ce prix à Edward Snowden parmi tous les membres du gouvernement et de l’opposition», a-t-elle poursuivi.

Ce n’est pas la première fois que le lanceur d’alerte intervient dans une cérémonie où il reçoit un prix par visioconférence plutôt que de venir en personne récupérer son trophée. En 2014, la Suède l’avait invité pour recevoir le prix Right Livelihood qui récompense ceux qui améliorent la condition humaine mais il était, déjà à l’époque, resté en Russie.