International

Hubert Védrine : Il faut «réarrimer la Russie à l’Europe»

Optimiste quant à la rencontre entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine du 19 août, l'ancien chef de la diplomatie juge qu'il va de l'intérêt de la France de renouer des liens avec la Russie, évoquant un «Occident» arrogant depuis 30 ans.

Emmanuel Macron reçoit le 19 août Vladimir Poutine dans sa résidence de vacances de Brégançon, cinq jours avant d'accueillir à Biarritz les dirigeants du G7, format issu de l'exclusion de la Russie du G8 en 2014.

Pour Hubert Védrine, interviewé par Le Figaro le 16 août, cette rencontre entre les deux chefs d'Etat est la bienvenue car l'exclusion de la Russie relève d'«une absurdité stratégique» : «Nous avons des rapports plus mauvais avec la Russie d’aujourd’hui qu’avec l’URSS pendant les trois dernières décennies de son existence ! Ce n’est pas dans notre intérêt.»

Pour l'ancien ministre des Affaires étrangères, «l’Occident a été pris d’une telle arrogance depuis trente ans, d’une telle hubris dans l’imposition de ses valeurs au reste du monde, qu’il faut réexpliquer le b.a.-ba des relations internationales». Ainsi, pour Hubert Védrine, «rencontrer, ce n’est pas approuver ; discuter, ce n’est pas légitimer ; entretenir des relations avec un pays, ce n’est pas être "amis". C’est juste gérer ses intérêts».

Concernant les oppositions morales à la future entrevue entre Emmanuel Macron et Vladimir Poutine, Hubert Védrine juge que «cette rencontre n’indigne que de petits groupes enfermés dans une attitude de croisade antirusse». «Ils ne proposent aucune solution concrète aux problèmes géopolitiques et se contentent de camper dans des postures morales inefficaces et stériles», ajoute-t-il.

Optimiste quant à l'initiative du chef d'Etat français, Hubert Védrine considère que «l’objectif très juste, formulé à plusieurs reprises par Emmanuel Macron, est de "réarrimer la Russie à l’Europe" et donc de corriger la politique occidentale inconséquente des dernières années qui a poussé la Russie vers la Chine».

Lire aussi : Après les accusations de Macron sur les médias russes, Moscou demande des explications à Paris