C’est la perte la plus importante jamais enregistrée par l’armée des Emirats arabe unies depuis la création de la fédération en 1971. Ce samedi, le pays se réveille choqué. La presse rend hommage «au sacrifice des soldats». «Nous saluons nos 45 héros qui ont offert le sacrifice ultime en servant leur pays», a titré le quotidien Gulf News. Quant aux dirigeants, ils fédèrent les troupes. Trois jours de deuil national ont été décrétés et les drapeaux mis en berne.
«Ces événements ne feront que nous rendre plus résolus» et «plus déterminés pour obtenir la victoire», a affirmé Cheikh Mohammed ben Rached Al-Maktoum, vice-président et Premier ministre de la fédération. De son côté, Anwar Gargash, ministre des Affaires étrangères, a lancé : «Notre étendard restera bien haut et une attaque couarde ne nous dissuadera pas et ne nous empêchera pas d'atteindre nos objectifs».
Hier, un missile sol-sol, tiré par les rebelles chiites Houthis, aurait déclenché une explosion dans un entrepôt d’armements de la province de Marib, à l’Est de Sanaa, tuant 45 soldats émiratis selon une source militaire yéménite. Thèse également évoquée par un ministre émirati.
De son côté, la présidence yéménite a également annoncé la mort de cinq soldats bahreïnis. Les médias saoudiens ont pour leur part indiqué que dix soldats de l'armée de Riyad avaient trouvé la mort dans l'explosion. Il s'agit des premières pertes saoudiennes au Yémen depuis la mise en place de la coalition fin mars.
Coup dur pour la coalition
Hasard du calendrier, la tragédie s’est déroulé le jour même de la visite du roi Salman d’Arabie saoudite à Washington. Avec Barack Obama, ils ont évoqué le conflit au Yémen.
Les Emirats et Bahreïn sont alliés à Riyad dans une coalition arabo-sunnite, sous commandement saoudien. Elle lutte contre les rebelles chiites Houthis qui se sont emparés de vastes territoires, dont la capitale, et ont chassé du pouvoir le président Abd Rabbo Mansour Hadi en janvier dernier.
Après avoir mené une campagne de raids aériens intensifs pendant plus de cinq mois contre les rebelles, les piliers de la coalition (Arabie et Emirats) ont apporté un appui direct au sol aux forces loyalistes. Il a permis, cet été, la reconquête de la ville d'Aden et de cinq provinces du sud et une mobilisation militaire à Marib en vue d'une éventuelle offensive vers Sanaa et le nord.
La mort des 50 soldats de la coalition apparaît comme un sérieux revers.
L’Iran en ligne de mire
La presse sunnite s’est empressée de pointer du doigt Téhéran. Accusé de soutenir les rebelles, l’Iran est régulièrement pris à partie par la coalition. «L'Iran ne peut échapper à sa responsabilité pour la création de la milice des Houthis», a affirmé le Khaleej Times, ajoutant qu'«une réponse arabe peut être attendue après cette tragédie».
Elle ne s’est pas faite attendre longtemps. Dès samedi matin, la coalition a intensifié ses raids aériens au Yémen. Plusieurs sites militaires Houthis ont été violemment bombardés. La capitale, Sanna, a été visée.
Selon l’AFP, des témoins ont décrit des scènes de panique, des habitants terrés chez eux et une capitale déserte en milieu de journée.
Un responsable local aurait déclaré que les raids en cours seraient «les plus violents» depuis le début de la campagne de bombardements en mars dernier.