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Explosion d'un missile dans une base russe du Grand Nord : que sait-on ?

L'explosion d'un missile dans une base russe du Grand Nord, dans la région d'Arkhangelsk, a causé la mort de cinq experts et en a blessé trois autres. Le drame a été l'objet d'un emballement médiatique, source de fausses rumeurs et de confusions.

L'Agence fédérale russe de l'énergie atomique Rosatom a fait savoir que cinq de ses experts avaient perdu la vie et trois autres avaient été blessés et hospitalisés, dans l'explosion d'un missile le 8 août, sur une base militaire russe du Grand Nord dans la région d'Arkhangelsk. 

D'après Rosatom, les spécialistes décédés fournissaient de l'ingénierie et du support technique pour «la source d'énergie isotopique» du moteur du missile à l'origine de l'explosion. Selon l'agence, l'essai du missile se passait bien, jusqu'à ce qu'il prenne feu et explose.

Rosatom a confié à l'agence TASS le 11 août : «Les tests de missile ont eu lieu sur une plateforme en mer. [...] Plusieurs membres du personnel ont été projetés dans la mer et on espérait les retrouver vivants. La recherche s'est poursuivie tant qu'il y avait espoir de retrouver des survivants. Le décès de cinq employés de Rosatom [...] n'a été annoncé qu'après cela.»

La base où est survenue l'explosion, ouverte en 1954 et spécialisée dans les essais de missiles de la flotte russe, notamment des missiles balistiques, est située près du village de Nionoska.

Pas de danger pour les populations, selon l'Institut de sûreté nucléaire de l'Académie des sciences de Russie

Le caractère secret des tests effectués dans cette base militaire a contribué à alimenter des rumeurs quant au taux de radiation dans la région à l'issue de l'accident. Des inquiétudes renforcées lorsque la ville de Severodvinsk, située à quelque 30 kilomètres à l'est du lieu du test, a publié – puis supprimé – des informations faisant état d'un bref pic de radiation. Or selon ces mêmes informations, ce pic n'a duré qu'une demi-heure et le taux moyen de radiation local n'a pas été altéré de manière sérieuse sur la journée. 

En outre, Leonid Bolshov, directeur scientifique de l'Institut de sûreté nucléaire de l'Académie des sciences de Russie, a déclaré à l'agence TASS que l'accident, lors du test militaire dans la région d'Arkhangelsk, ne représentait aucune menace pour la santé des habitants.

Hors des frontières de la Russie, l'Autorité norvégienne de radioprotection, citée par le magazine New Scientist, a déclaré qu'elle n'avait rien détecté d'inhabituel pour le moment. De même, le Réseau de surveillance des incidents radioactifs britannique, RIMNET, a confié à l'hebdomadaire scientifique n'avoir reçu aucun rapport émanant d'autres Etats au sujet d'une augmentation de taux de radiation.

Confusions autour d'une image... d'une autre explosion

Des médias ont, en outre, ajouté à la confusion en relayant une photographie, sur laquelle on voit deux adultes et un enfant observer depuis une hauteur, une explosion au loin. Cette photo, choisie par l'agence AP pour illustrer l'accident de la région d'Arkhangelsk, montre en fait une explosion survenue dans un dépôt de munitions en Sibérie le 5 août.

Or, des médias comme la chaîne américaine MSNBC ou le média qatari Al Jazeera ont présenté cette photographie comme celle de l'explosion du missile d'Arkhangelsk. L'image d'un champignon de flammes, associé à des titres ou légendes faisant état d'une «explosion nucléaire» ou d'un «incident nucléaire», a pu laisser penser à des lecteurs que les citoyens russes apparaissant sur la photo contemplaient tranquillement un champignon atomique... A tort.

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