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Interrogations autour du «suicide apparent» de Jeffrey Epstein avant les résultats de l'autopsie

Dans l'attente des résultats de l'autopsie du milliardaire inculpé pour exploitation sexuelle de mineures, des questions se posent. Parmi les premiers éléments qui interpellent, l'interruption de la surveillance anti-suicide malgré une tentative.

Le FBI a ouvert une enquête sur le «suicide apparent» du milliardaire américain Jeffrey Epstein, inculpé pour «exploitation sexuelle de mineures» et retrouvé mort dans sa cellule le matin du 10 août. Tandis que la formulation des enquêteurs reste prudente, le décès de cet homme au carnet d'adresses très abondant, soulève «de graves questions auxquelles il faut répondre», de l'aveu même du procureur général des Etats-Unis William Barr, équivalent américain du ministre de la Justice. Les résultats de l'autopsie qui a été réalisée le 11 août devront y répondre. Mais les circonstances du décès, survenue dans le Metropolitan Correctional Center, l'une des prisons les plus sûres du pays, ont été largement commentées.

Graves irrégularités

Ce même jour, William Barr a également annoncé avoir été informé «de graves irrégularités» dans le centre de détention et s'est dit «consterné» et «franchement en colère» en apprenant les carences «pour sécuriser de manière adéquate» cette prison. «Je vous assure que l'enquête va continuer, visant quiconque complice d'Epstein», a-t-il ajouté. 

Le président américain Donald Trump a retweeté la vidéo du comédien Terrence Williams, qui écrivait dans le message partagé : «Mort par SUICIDE sous SURVEILLANCE POUR SUICIDE 24/7 ? [...] Jeffrey Epstein avait des informations sur Bill Clinton & maintenant il est mort [...] On sait qui a fait cela ! [Retweetez] si vous n'êtes pas surpris.» Cette publication, relayée par plus de 66 000 personnes, a valu au président des Etats-Unis d'être accusé par ses adversaires, à l'image du sénateur du New Jersey Cory Booker, d'alimenter des «théories du complot».

A l'opposé du spectre politique, la très médiatique Alexandria Ocasio-Cortez, élue démocrate new-yorkaise du Congrès, s'est exprimée laconiquement : «Il nous faut des réponses. Beaucoup.»

«Enlever la surveillance anti-suicide du prisonnier le plus important du pays six jours après une tentative [de suicide] semble une décision vraiment bizarre», a pour sa part commenté Andrew Yang, candidat démocrate à l’investiture pour 2020, alors que Joe Biden, candidat à la primaire démocrate évoquait un «dysfonctionnement».

«Nous sommes choqués et incrédules de voir que les autorités fédérales on pu laisser cela se produire sous leurs yeux», a pour sa part réagi Spencer Kuvin, avocat de victimes de Jeffrey Epstein.

La surveillance interrompue malgré une tentative de suicide ?

Les questions restent nombreuses quant aux circonstances entourant le décès de celui dont le carnet d'adresses comptait les noms, pêle-mêle, de Bill Clinton, de Donald Trump, du milliardaire Richard Branson, du magnat des médias Rupert Murdoch ou encore des anciens Premiers ministres israélien Ehud Barack et britannique Tony Blair.

Selon le New York Timesla surveillance anti-suicide dont faisait l'objet l'homme d'affaire, qui aurait déjà tenté de se donner la mort fin juillet, se serait arrêtée le 29 juillet, quelques jours après sa première tentative, «pour des raisons qui restent floues». Sous couvert d'anonymat, des responsables pénitentiaires cités par plusieurs médias américains, dont le New York Times ont en outre expliqué que les procédures prévues pour surveiller le détenu n'avaient pas été respectées. Ainsi, des rondes prévues toutes les 30 minutes n'auraient pas été effectuées. Par ailleurs, le pensionnaire qui partageait jusqu'alors sa cellule aurait été transféré «récemment» ailleurs, permettant à Jeffrey Epstein de rester seul, «une décision qui violait également les procédures de la prison», selon les sources du journal américain.

Le médecin légiste en chef de New York Barbara Sampson, qui a procédé à l'autopsie du corps du milliardaire le 11 août, aura la lourde tâche de répondre aux nombreuses interrogations. Le soir du 11 août, elle a déclaré avoir besoin de «plus d'informations» avant de pouvoir rendre publiques ses conclusions.

Le ministère américain de la Justice a ouvert deux enquêtes, l'une du FBI, l'autre des services de son ministère, sur les circonstances de la mort du détenu.

Des informations emportées dans la tombe

Longtemps proche des cercles du pouvoir, Jeffrey Epstein, 66 ans, était accusé d'avoir fait venir, pendant plusieurs années, des dizaines de jeunes adolescentes dans ses luxueuses résidences, notamment à New York et en Floride, les forçant à des rapports sexuels forcés.

La veille du décès du milliardaire, des documents rendus publics par les autorités avaient révélé les premiers noms de personnalités accusées dans cette affaire d'avoir eu des relations sexuelles avec des mineures. Parmi eux, plusieurs hommes politiques américains, des hommes d'affaires mais aussi le prince Andrew, fils de la reine d'Angleterre Elizabeth II.

L'inculpation de Jeffrey Epstein le 8 juillet dernier faisait trembler le tout Washington, et au-delà. La question qui était sur toutes les lèvres étant de savoir si cet ami des puissants allait livrer des informations sur son réseau en échange de la clémence de la justice.

Si le procureur fédéral de Manhattan Geoffrey Berman a promis de poursuivre les recherches sur les agissements de Jeffrey Epstein et de ses complices, le décès du pédophile présumé rend caduque le procès qui devait s'ouvrir en juin 2020.

Jack Scarola, avocat qui représente certaines des victimes présumées de Jeffrey Epstein a commenté : «Si je suis sûr qu'aucune des victimes ne regrette sa mort, chacune d'entre elles regrette les informations qui sont mortes avec lui. La principale attente, c'est que la mort d'Epstein ne fasse pas capoter l'enquête sur les co-conspirateurs connus et inconnus qui doivent toujours être présentés devant la justice.»

Louis Maréchal

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