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Migrants: le groupe de Visegrad, réuni à Prague, juge les quotas de migrants «inacceptables»

La République Tchèque, la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie se sont retrouvées à Prague pour un sommet d'urgence concernant le brûlant dossier des migrants. Les quatre pays de l'Est de l'Europe se disent totalement opposés aux quotas.

Alors que les ministres des Affaires étrangères de l'UE sont au Luxembourg pour évoquer la question migratoire, les quatre Premiers ministres de l'Est de l'Europe (la République Tchèque, la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie) ont décidé de tenir un contre-sommet afin de dégager une position commune sur ce thème.

Dans le document que ces chefs de gouvernement ont remis à la presse, on peut ainsi lire leur opposition formelle à la politique dite des quotas obligatoires d'accueil de réfugiés, remis à l'ordre du jour jeudi 3 septembre par le duo franco-allemand.

«[Il faut] préserver le caractère volontaire des mesures de solidarité au sein de l'UE, de sorte que chaque État membre puisse choisir en fonction de son expérience, ses pratiques habituelles et de ses ressources disponibles. Les décisions validées au plus niveau politique européen, y compris celles issues du Conseil européen doivent être respectées; toute proposition conduisant à l'introduction du quota obligatoire et permanent pour les mesures de solidarité serait inacceptable» peut-on lire dans le communiqué.

La proposition du couple franco-allemand sur la possibilité de réintroduire des quotas d'accueil de réfugiés obligatoires au sein de l'UE ne passe décidément pas à l'Est de l'Europe. L'idée qui sera soumise aux ministres de l'Intérieur les «28» le 14 septembre prochain lors d'un Conseil exceptionnel devrait donc recevoir un accueil glacial de la part des quatre de Visegrad.

Par ailleurs, outre leur volonté affichée de protéger «ceux qui en ont vraiment besoin» -c'est-à-dire les réfugiés politiques et non les migrants économiques- ces quatre pays ont réaffirmé leur désir de participer activement au plan mis au point par Bruxelles avant l'été: lutter activement contre les passeurs, aider les pays qui accueillent de nombreux migrants (Liban, Turquie, etc.) et enfin protéger les frontières extérieures de l'Union «afin de préserver la libre-circulation au sein de l'Europe, qui est l'essence même des accords de Schengen» a expliqué le Premier ministre slovaque Robert Fico. Enfin, la République tchèque et la Slovaquie ont proposé d'ouvrir un couloir ferroviaire pour les réfugiés syriens entre la Hongrie et l'Allemagne, si Budapest et Berlin sont d'accord. 

En effet, depuis plusieurs semaines déjà, la Hongrie fait face à un afflux sans précédent de migrants sur son sol. Le pays a dénombré plus de 154 000 entrées illégales depuis le début de l'année 2015, une explosion si l'on compare aux 2000 demandes d'asile que la Hongrie avait enregistré en 2012. Ce flot migratoire engendre de fortes tensions, notamment dans la capitale dans le quartier de la gare de Keleni, d'où chaque jour les migrants tentent de partir pour rejoindre l'Allemagne ou l'Autriche.

Ce sommet exceptionnel du groupe de Visegrad inquiète le président du Conseil européen Donald Tusk, ce dernier craignant de voir apparaître une possible «division entre l'est et l'ouest de l'Union européenne». «Certains Etats membres ne pensent qu'à endiguer la vague de migrants, ce qui est symbolisé par la clôture controversée en Hongrie [ndlr: à la frontière avec la Serbie] tandis que d'autres veulent plus de solidarité», a-t-il regretté.

Quant aux «Quatre», ils ont eux invité à l'Europe à ne pas se focaliser uniquement sur la Méditerrannée et à répartir plus équitablement son soutien financier, en ne négligeant plus les pays de l'Est se trouvant sur le route dite des Balkans.