Le président américain Barack Obama espère d’obtenir l’appui du roi saoudien pour l’accord nucléaire avec l’Iran, ce qui l’aiderait à faire tomber les dernières résistances intérieures auxquelles il est confronté. L’ONU, les puissances européennes, la Russie et la Chine ont déjà soutenu l’accord, mais les républicains et Israël essaient d’empêcher son entrée en vigueur.
De son côté, le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud – qui effectue sa première visite aux Etats-Unis depuis son accession au trône en janvier dernier – devrait demander davantage de soutien de la part des Etats-Unis pour la campagne que l’Arabie saoudite mène au Yémen et les rebelles qu’elle soutien en Syrie. Riyad voit en effet le gouvernement de Damas et les Houthistes au Yémen comme des alliés de l’Iran. Ses efforts pour renverser le gouvernement syrien et écraser la rébellion houthistes ne se sont pas avérés très efficaces. Ils ont en outre fait de nombreuses victimes parmi les civils et provoqué un exode de réfugiés massifs.
«Les Saoudiens pourraient attaquer les civils délibérément», a confié à RT Stephen Zunes, professeur de l’université de San Francisco. Les Saoudiens n’agissent pas au Yémen comme intermédiaires des Etats-Unis, mais poursuivent leurs propres objectifs. En tant que principal fournisseur d’armes du royaume, les Etats-Unis pourraient utiliser leur influence pour limiter les bombardements aveugles, estime le professeur.
Il semble cependant que les Etats-Unis cherchent à vendre encore plus d’armes et de munitions à l’Arabie saoudite. Les Saoudiens ont déjà acheté cette année des missiles américains à hauteur de deux milliards de dollars. De plus, en juillet dernier, le Pentagone avait annoncé qu’un accord de 5,4 milliards de dollars pour des missiles supplémentaires était en préparation.
Pourtant à Washington, les initiés sont sceptiques concernant l’intervention de la coalition arabe emmenée par l’Arabie saoudite au Yémen. Cette opération a créé «une tragédie humanitaire prévisible qui a soutenu les extrémistes au Yémen», a écrit Philip Gordon, ancien conseiller d’Obama pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord qui siège aujourd’hui au Conseil des relations étrangères.
«Le soutien saoudien pour l’accord iranien en cette période critique leur donne une carte importante dans leurs relations avec Washington, aussi longtemps qu’ils n’exagèrent pas», a ajouté Philip Gordon.
Reste que les Saoudiens semblent croire qu’ils mènent le jeu dans leurs relations avec les Etats-Unis. Cette rencontre avec le roi Salmane «pourrait pousser Washington à reconsidérer sa politique régionales et ses priorités», a écrit Zouhair al-Harthi, membre du comité saoudien des affaires étrangères.