Un grand nombre de médias français rapportent un incident diplomatique entre la France et le Brésil. Le 29 juin, le président Jair Bolsonaro aurait annulé une rencontre prévue avec le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, prévue dans le cadre du voyage de ce dernier au Chili et au Brésil du 25 au 30 juillet.
A la place, le président d’extrême droite aurait préféré se faire couper les cheveux, et a publié sur Facebook une vidéo de cette séance de soins capillaires qui compte déjà plus d’un million et demi de vues et a été partagée par plus de 10 000 comptes sur le réseau social.
Aucun média ne cite de source claire au sujet de cette information ignorée par l’AFP, et que l’ambassade du Brésil en France n’a pas confirmée. Elle semble avoir été révélée par notre confrère des Echos, seul à publier un article signé d’un correspondant au Brésil, Thierry Ogier.
Il rapporte des propos que Jair Bolsonaro aurait tenus le matin même du jour où était prévue cette réunion : «Je vais recevoir le Premier ministre français [sic], si je ne m'abuse, pour traiter des questions liées à l'environnement. Et il n'a pas intérêt à venir nous donner des leçons, sinon il va voir à qui il a affaire.»
Le Quai d’Orsay, qui n’a pas dans l’immédiat répondu à nos demandes de confirmation de l’incident, écrit pourtant sur son site : «Au Brésil, le ministre a été reçu par le président de la République fédérative du Brésil, Jair Bolsonaro, et par son homologue, Ernesto Araujo. […] Nos exigences dans le prolongement de la conclusion de l’accord entre l’Union européenne (UE) et le Mercosur et les dossiers environnementaux dans la perspective de la COP25 de Santiago ont été à l’ordre du jour des entretiens.»
Dans la déclaration du ministre français rédigée avant cette rencontre, la France rappelait «trois éléments de préoccupation» à propos de l’accord signé entre l’Union européenne et le Mercosur le 28 juin.
Ils concernent en particulier la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat (COP 21) approuvé par 195 pays le 12 décembre 2015 et que le président du Brésil, climato-sceptique notoire, s’est finalement engagé du bout des lèvres à appliquer lors du sommet du G20 à Osaka au Japon fin juin. C’était la condition sine qua non pour que l’accord commercial conclu entre l’UE et les quatre pays du Mercosur, dont le Brésil, puisse être ratifié.
Toutefois, la plupart des commentateurs mettent en doute la sincérité du président brésilien quant à sa détermination à respecter l’accord de Paris. Jair Bolsonaro a par exemple remis en cause récemment les chiffres d'un organisme public faisant état d'une augmentation de 88% de la déforestation de l'Amazonie brésilienne en juin par rapport à ce qui avait été recensé pour le même mois de l'année dernière. Les deux pays ont malgré tout créé un groupe de travail bilatéral sur les enjeux environnementaux et climatiques.
L’accord controversé avec le Mercosur, négocié depuis plus de 20 ans, est-il pour autant menacé par l’attitude du président brésilien ? Alberto Pfeifer, coordinateur du groupe de conjoncture internationale de l'Université de São Paulo, cité par Les Echos, semble en douter et conseille «de ne pas prendre la rhétorique bolsonarienne au pied de la lettre», ajoutant : « Au début, ils allaient rompre avec l'accord de Paris, ils allaient rompre avec le Mercosur. Mais finalement, aujourd'hui, ils sont encore là !»