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Russie : le droit de veto russe à l’ONU est un instrument crucial pour éviter les désastres

En acceptant la présidence du Conseil de sécurité de l’ONU, l’ambassadeur de la Russie auprès des Nations unies, Vitali Tchourkine, a rejeté l’idée de limiter le droit de véto, qui garantit à ses yeux une prise de décision équilibrée.

Lors d’une conférence de presse marquant le début de la présidence russe du Conseil de sécurité des Nations unies, Vitali Tchourkine a abordé la question de l’initiative, avancée par la France, de limiter les pouvoirs du droit de veto, se prononçant résolument contre une telle évolution. «Ce n’est pas une proposition fonctionnelle, ni un schéma valable», a déclaré le représentant de la Russie.

Il a estimé qu’une telle proposition enfreindrait, en premier lieu, les prérogatives du Conseil de sécurité par rapport à l’Assemblée générale de l’ONU. Mais un problème plus important serait alors le contenu des résolutions proposées contre lesquelles le membre privé de son droit de veto ne pourrait pas protester.

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«On ne peut pas être certains que chaque résolution proposée dans une situation de grands besoins humanitaires soit forcément une bonne résolution, qui soit capable de résoudre le problème et ne soit pas non plus utilisée à des fins politiques», a-t-il souligné.

Le responsable a évoqué à titre d’exemple, le cas où un membre du Conseil de sécurité estimerait que le gouvernement d’un pays n’arrive pas à faire face à des violences dans son pays, et croirait nécessaire d’occuper ce pays, ce qu’il a jugé inacceptable.

«Nous estimons que c’est une proposition populiste. Si la France désire limiter son droit de veto, elle est libre de le faire, mais certains membres permanents du Conseil de sécurité, dont la Russie, comprennent que c’est un instrument important qui permet au Conseil de produire des décisions équilibrées et de refléter l’opinion de la minorité dans son travail», a estimé Vitali Tchourkine lors de sa conférence de presse.

L’ambassadeur de la Russie auprès de l’ONU a encore parlé de la nécessité de former une coalition internationale contre le groupe djihadiste Daesh (ou Etat islamique), en répétant que la Russie était prête à la coopération, mais qu’elle n’entendait pas rejoindre la coalition existante dirigée par les Etats-Unis, dont les interventions n’ont pas été avalisées par le Conseil de sécurité.

«Ils bombardent le territoire syrien sans le consentement du gouvernement de la Syrie ni l’autorisation du Conseil de sécurité… ils ne peuvent pas établir de priorités ni faire de choix entre la lutte contre le gouvernement de la Syrie et contre Daesh. Nous croyons que la priorité est clairement de combattre Daesh», a souligné l’ambassadeur russe.

Le représentant de la Russie a également exprimé ses préoccupations sur le soutien indirect de certains membres du Conseil de sécurité à l’intervention militaire au Yémen, dirigée par l’Arabie saoudite.

«C’est bien connu que les Etats-Unis et la Grande-Bretagne se prononcent en faveur de cette opération», a estimé le responsable avant de conclure : «Ils sont donc en partie responsable de ce qui se passe là-bas».

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A partir du 1er septembre, la Russie assumera pour un mois la présidence tournante du Conseil de sécurité des Nations unies, après le Nigeria.

Pendant son intervention qui a duré une heure, Vitali Tchourkine a en outre abordé la situation dans l’est de l’Ukraine, dans le sud du Soudan et en Palestine. Il a également présenté brièvement le programme du Conseil pour le mois de septembre.