Face à la claque électorale tout juste infligée à sa formation politique Syriza, le chef du gouvernement grec Alexis Tsipras a reconnu sa défaite et félicité son successeur, le conservateur Kyriakos Mitsotakis. S'il est aujourd'hui désavoué par les électeurs grecs, le Premier ministre sortant a toutefois reçu les louanges du commissaire européen aux Affaires économiques et financières, Pierre Moscovici.
Dans un tweet publié ce 7 juillet, celui-ci a salué l'action politique du président de Syriza. «Merci à [Alexis] Tsipras qui a beaucoup fait pour son pays et pour l’Europe», a en effet écrit l'ancien ministre socialiste français, avant de féliciter et d'encourager Kyriakos Mitsotakis dans son futur mandat, pour qu'il «continu[e] à redresser l’économie grecque».
Avec 31,5% des voix aux élections législatives, le parti Syriza, né d'une coalition de formations politiques de gauche, a en effet largement été devancé par le parti de droite Nouvelle Démocratie, arrivée en tête avec 39,8% des suffrages (selon les résultats communiqués par l'AFP à 94% des bureaux de vote dépouillés).
Salué à Bruxelles, le mandat de Tsipras n'aura donc pas convaincu le peuple grec, qui a assisté ces dernières années à de multiples séries de réformes de son pays (baisse du salaire minimum, réforme du marché du travail, augmentation des impôts, baisse des dépenses publiques, ou encore privatisations en tout genre), afin de répondre à une crise majeure se traduisant notamment par une dette publique s'élevant à environ 177% du PIB fin 2014.
En dépit de son engagement initial à infléchir la position des créanciers d'Athènes, Alexis Tsipras n'avait en effet pas tardé après son élection à faire appliquer de nombreuses mesures austéritaires dans la cadre du «plan de sauvetage» de la Grèce prévu par l'Union européenne, processus supervisé par la Troïka (l'alliance prévue à cet effet entre la Banque centrale européenne, la Commission européenne et le Fonds monétaire international).
Qu'a donné la politique demandée à Tsipras par la Troïka ?
Le 20 août 2018, la Grèce sortait avec l'accord du Premier ministre grec du dernier des trois plans successifs d'aide financière pilotés par la Troïka – tout en demeurant sous son étroite surveillance.
Alors que nombre de personnalités européennes avaient rapidement applaudi la «sortie de crise» de la Grèce, l'ancien ministre grec des Finances Yanis Varoufakis n'avait de son côté pas tardé à dresser un tableau pour le moins sombre de la situation. «Les demandes de coupes budgétaires des créanciers ont empêché les investissements et la consommation», avait-il par exemple regretté.
Répondant aux questions du quotidien allemand Bild, il avait également fustigé un processus au service de banques allemandes et françaises. «[Angela Merkel] a comparé le premier plan de sauvetage à un acte de solidarité envers les Grecs, alors que l'argent [en question] était destiné aux banques allemandes et françaises qui ont prêté des sommes importantes à l'Etat grec et à l'oligarchie. [Angela Merkel] a promis que les prêts seraient remboursés avec des intérêts : cela était impossible au vu de la faillite de la Grèce», avait alors estimé le professeur d'économie.
Stélios Kouloglou, eurodéputé de Syriza, s'est pour sa part récemment confié auprès de RT France au sujet de la politique menée par le Premier ministre grec : «Alexis Tsipras n'avait pas d'autre solution que faire un compromis, que de capituler. Il s'agissait d'une capitulation par rapport aux promesses», a-t-il reconnu, mettant notamment en avant «le prix à payer» pour parvenir à certains résultats en termes de chiffres liés au chômage ou à l'augmentation du salaire minimum.
En tout état de cause, le renoncement d'Alexis Tsipras à ses engagements initiaux n'a visiblement pas été digéré par l'électorat grec.
Fabien Rives