Les conservateurs grecs de Kyriakos Mitsotakis ont écrasé ce 7 juillet la formation de gauche Syriza, du premier ministre sortant Alexis Tsipras, lors des premières législatives depuis la crise économique de 2015. Selon une compilation de sondages réalisés pour les principales chaînes de télévision grecques, Kyriakos Mitsotakis sera le futur Premier ministre, sa formation ayant recueilli 40% des suffrages contre 28,5% pour Alexis Tsipras. Les conservateurs auraient ainsi 167 des 300 sièges de députés, Syriza 82.
Surgissant dans une Grèce terrassée par la crise de la dette et la cure d'austérité imposée par ses créanciers, UE et FMI, le jeune leader de gauche radicale Alexis Tsipras avait créé l'espoir, en janvier 2015, chez un peuple abasourdi par les faillites et les plans sociaux. Mais il a ensuite fait volte-face, forcé d'accepter un plan de sauvetage assorti de mesures sévères pour empêcher la sortie de la zone euro, ce que les électeurs ne lui ont pas pardonné.
L'échec prévisible de Syriza
Sonné par un échec cinglant aux élections européennes et locales, fin mai et début juin, Alexis Tsipras, dont le mandat s'achevait théoriquement en octobre, a tenté un coup de poker risqué en convoquant lui-même ces élections anticipées au début de l'été, espérant inverser la vague de mécontentement. Mais Alexis Tsipras, habitué à remettre en jeu sa majorité, aurait visiblement cette fois perdu son pari.
«Nous avons appliqué une politique des finances impopulaire et pro-bancaire, une recette qui conduit à l'usure», a confié à l'AFP Nikos Xydakis, ex-député de Syriza et ancien ministre de la Culture. Il a reconnu que son parti avait fait «trop de promesses»: «Nous avons cultivé ces promesses et les électeurs les ont aussi cultivées de leur côté et au lieu d'une confrontation, Syriza est entré en collision».
Sur ses affiches électorales, le Premier ministre, le bras levé, en manches de chemise, semblait d'ailleurs dire un dernier au revoir, en proclamant : «Maintenant, décidons de nos vies». Dans une opération séduction de la dernière chance, à la veille des élections, Alexis Tsipras avait agité le risque de retour «aux heures sombres de l'austérité».
Trois ans après avoir pris les rênes du parti conservateur, Kyriakos Mitsotakis, perçu comme un réformateur, proche des milieux d'affaires, a promis de «relancer l'économie» et de «laisser la crise derrière nous». L'élection de ce fils de Premier ministre, descendant d'une dynastie politique, signera le retour de la «familiocratie» au gouvernement grec, une tradition que Tsipras avait interrompue en accédant au pouvoir à l'âge de 40 ans.