Au terme de neuf heures de délibération dans la nuit du 24 au 25 juin, les parlementaires des Etats membres du Conseil de l'Europe ont voté pour permettre à la délégation russe de participer de nouveau à l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), organisation internationale créée en 1949 et regroupant aujourd'hui 47 pays, parmi lesquels les 28 pays membres de l'UE.
Pour encourager un retour de la Russie, l'APCE a ainsi adopté un texte autorisant exceptionnellement un pays à présenter une délégation en cours d'année et excluant la possibilité de la priver de ses principaux droits de vote.
Après le rattachement de la Crimée par la Russie en 2014, l'APCE avait sanctionné Moscou en privant la délégation russe de ses droits de vote au sein de l'organe parlementaire d'une institution sans pouvoir contraignant et dont la vocation est notamment de «protéger les droits de l'homme et la démocratie».
En réaction aux sanctions visant la Russie, Moscou avait alors répliqué en boycottant l'instance, menaçant à plusieurs reprises de quitter le Conseil de l'Europe. L'éventualité que les Russes soient privés de l'accès à la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH, bras juridique du Conseil de l'Europe), a fini par «convaincre la majorité des pays qu'il fallait mieux faire avec la Russie que sans elle», rapporte l'AFP qui précise que l'Ukraine, soutenue par les pays baltes et le Royaume-Uni, estiment toutefois que «la réouverture de la porte aux Russes est comparable à une première brèche dans les sanctions occidentales imposées à Moscou pour avoir annexé la Crimée».
Dans l'hémicycle du Conseil de l'Europe à Strasbourg, 118 parlementaires ont ainsi voté pour le texte, 62 contre et dix se sont abstenus.
Avant même l'issue du vote, Moscou a fait partir sa délégation vers Strasbourg, a expliqué le vice-président du Parlement russe, Piotr Tolstoï, cité par l'agence Ria Novosti, anticipant par avance la résistance d'«une majorité saine d'esprit» à «l'hystérie d'une petite minorité».
Cet épisode intervient dans un contexte favorable aux coopérations entre la Russie et certains pays européens. Le 24 juin, les chefs du gouvernement français et russe se rencontraient par exemple au Havre, soulignant que leurs pays respectifs n'avaient jamais rompu ni le dialogue ni la coopération, notamment économique.