Algérie : 18e vendredi de mobilisation après une polémique sur les drapeaux

Algérie : 18e vendredi de mobilisation après une polémique sur les drapeaux© Ryad Kramdi Source: AFP
Manifestation contre le pouvoir en place à Alger, le 21 juin 2019.
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Ce 18e vendredi de mobilisation en Algérie a été marqué par une polémique sur les drapeaux lors des manifestations. Le chef d'état major avait prévenu qu'aucun autre étendard que le drapeau national ne serait toléré, déclenchant une vive controverse.

Le mouvement de protestation en Algérie semble prendre une nouvelle tournure. Alors que des milliers de manifestants ont défilé ce 21 juin pour le 18e vendredi d'affilée, la journée a été marquée par une polémique autour du drapeau amazigh (berbère).

En effet, le 19 juin, le chef de l'état major de l’armée, Ahmed Gaïd Salah, a fustigé les individus qui brandissent, lors de manifestations, «des drapeaux autres que l’emblème national». Des propos très vite interprétés comme étant adressés aux Berbères. Une question des plus délicates en Algérie qui a connu plusieurs révoltes lors des dernières décennies dans la région de Kabylie, dont un certain nombre de fervents défenseurs estiment qu'elle est mal aimée.

«Il m’appartient d’attirer l’attention sur une question sensible, à savoir la tentative d’infiltrer les marches et porter d’autres emblèmes que notre emblème national par une infime minorité», a déclaré Ahmed Gaïd Salah. «L’Algérie ne possède qu’un seul drapeau [...]. Un emblème unique qui représente le symbole de souveraineté de l’Algérie, de son indépendance, de son intégrité territoriale et de son unité populaire. Il est inacceptable de manipuler les sentiments et émotions du peuple algérien», avait-il prévenu avant d’annoncer que «des instructions strictes» avaient été données aux forces de l’ordre pour «une application rigoureuse des lois en vigueur». Selon lui, ces dispositions permettront de «contrer tous ceux qui tenteraient à nouveau de toucher aux sentiments des Algériens dans cette question sensible».

Immédiatement de nombreuses photos de drapeaux berbères ont déferlé sur les réseaux sociaux, interprétant les propos de Gaïd Salah comme une attaque directe contre l'identité amazigh.

Lors de la mobilisation du 21 juin dans la capitale, quelques drapeaux amazigh ont été confisqués par les forces de l'ordre avant le début de la marche, selon de nombreux témoignages, mais plus tard de très nombreux manifestants ont pu défiler normalement avec leur emblème berbère.

Même chose en Kabylie, à Tizi Ouzou et à Bejaïa, de grandes manifestations ont eu lieu et les drapeaux amazigh étaient bien là.

A Tizi Ouzou, il est même difficile de discerner quelques drapeaux algériens tant le nombre de drapeaux amazigh étaient nombreux.

Le pouvoir algérien n'a-t-il pas pu ou pas réellement voulu viser l'emblème berbère ? La question reste entière. En effet, très ressemblant au drapeau amazigh, celui du Mouvement pour l'autonomie de la kabylie (MAK) est lui, bien plus controversé, et est rejeté par bon nombre de manifestants, ce mouvement ayant exprimé des revendications séparatistes et pro-israéliennes. Lors de plusieurs mobilisations, des militants du MAK brandissant sa bannière ont été immédiatement chassés par les manifestants.

Dans un entretien accordé à Sputnik, Abou el-Fadel Baâdji, membre du bureau politique du Front de libération nationale (FLN), a estimé que le chef de l’armée algérienne ne s’était pas attaqué au drapeau berbère dans son dernier message, mais plutôt à celui du MAK.

«Avant tout, il faut rappeler que le drapeau berbère n’est pas spécifique à la région de Kabylie en Algérie, mais à tous les territoires berbérophones qui se répartissent dans tous les pays maghrébins», a-t-il déclaré. «Dans ce sens, il est nécessaire de relever que le général Gaïd Salah est lui-même berbère du fait qu’il est originaire de la région de Chaouia, dans l’est de l’Algérie», a-t-il ajouté précisant que «concernant le drapeau berbère, c’est surtout celui du MAK qui était visé par les propos du chef de l’armée».

Après une série d'arrestations spectaculaires pour juger les personnalités de premier plan accusées de corruption, de détournements de fonds publics, ou d'atteinte à la sûreté de l'Etat, le pouvoir en place espère voir la contestation se calmer. Or les manifestants ne semblent pas l'entendre de cette oreille. S'ils sont moins nombreux dans la rue que lors des premières semaines de mobilisation, des dizaines de milliers de personnes continuent de sortir chaque semaine pour réclamer le changement de gestion politique et un Etat civil, et non militaire. L'opposition politique peine à se trouver une ligne et des représentants fiables et légitimes. Devant ce vide politique et ce manque d'organisation, c'est le chef d'Etat major qui mène, de facto, la danse.

Meriem Laribi

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