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Italie : «Nos forces font le travail des passeurs, comme ça on est sûr d’être envahis»

Le 22 août, les garde-côtes italiens ont atteint un nouveau record : 4 400 migrants sauvés en une journée. Toutefois, le sauvetage des migrants et surtout leur transfert en Italie a provoqué beaucoup de critiques de la part de l’opposition italienne.

Les conditions météo calmes ce jour-là ont encouragé les passeurs à prendre un maximum de migrants à leur bord, surchargeant ainsi les frêles esquifs. Les garde-côtes italiens ont dit avoir reçu des appels de détresse depuis 22 vaisseaux –des canots gonflables ou des ex-bateaux de pêche – tous surchargés de manière dangereuse alors que la plupart d’entre eux manquaient d’équipements de sécurité de base.

Pour sauver les malheureux, l’Italie a engagé ses garde-côtes, sa marine et les services de douanes dans l’opération de secours, alors que pour les autres pays de l’Europe, seuls le navire norvégien Siem Pilot et le bateau irlandais Niamh participaient à l’opération. Pour cette fois, aucun drame n’a été à déplorer.

Cependant, un tel engagement des forces italiennes pour sauver ces migrants, pour ensuite les ramener sur ses côtes et en prendre la charge, tout cela ne semble pas très juste pour un certain nombre d’hommes politiques.

«Cela doit être une blague. Nous utilisons nos forces pour faire le travail des passeurs à leur place et s’assurer ainsi d’être envahis», a déclaré Maurizio Gasparri, un sénateur du parti de centre droit de Silvio Berlusconi Forza.

Cette crise migratoire en Italie a provoqué le renforcement des partis anti-immigration. Matteo Salvini, le dirigeant de la Ligue du Nord, a appelé le gouvernement à arrêter de ramener les migrants en Italie mais de choisir un autre lieu : «Aidez-les, sauvez-les et prenez soin d’eux mais ne les permettez pas de débarquer ici», a-t-il écrit sur sa page Facebook en proposant de les placer sur des sites d’extraction pétrolière italiens désaffectés en Libye.

La route maritime reste le passage le plus utilisé pour accéder à l’Europe, choisie par une majorité de migrants. D’après l’ONU, 300 000 d’entre eux ont déjà atteint les côtes européennes en 2015 via la Méditerranée. La mer s’est transformée en un véritable cimetière. Plus de 2 000 migrants clandestins y ont perdu la vie en tentant de rejoindre l’Europe, selon les chiffres de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).