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Au Japon, des dizaines de milliers marchent contre les nouvelles lois de défense

Ils étaient des dizaines de milliers, rassemblés devant le parlement japonais, à Tokyo, dimanche 30 août. Une manifestation contre des lois visant à élargir les prérogatives de l'armée nippone, discutées en ce moment en session parlementaire.

«Oui à la paix, non à la guerre !» Ce slogan s'étalait sur les pancartes des quelques 120 000 manifestants venus protester contre les nouvelles lois de défense débattues au parlement japonais. Proposées par le Premier ministre conservateur Shinzo Abe et son parti libéral démocrate (PLD), ces lois doivent élargir la notion de «défense des intérêts du pays» à de potentiels conflits extérieurs, alors que la terminologie s'appliquait jusqu'ici exclusivement à la défense du territoire national japonais.

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En pratique, ces nouvelles lois permettraient à l'armée japonaise de se déployer en territoire extérieur, notamment à l'appui d'un allié du Japon, tel que les États-Unis. Une possibilité applicable même si le pays n'est pas directement menacé, dans le cadre d'un schéma dit de «défense collective». Un changement qui ne fait pas l'unanimité auprès d'une population très attachée au pacifisme inscrit dans l'article 9 de la Constitution. «C'est notre fondement», affirme une manifestante, «pendant 70 ans, grâce à l'article 9, le Japon a réussi à ne pas s'engager sur le chemin de la guerre et n'a pas subi la moindre agression». Certains protestataires appelaient à la démission du Premier ministre.

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Au-delà de la capitale, des mouvements de protestation étaient organisés dans la plupart des grandes villes japonaises. A Nagoya, dans le centre, un groupe de mères avaient improvisé un rassemblement près de la gare et scandait : «protégez nos enfants». À Tokyo, une autre participante expliquait : «je ne peux pas rester les bras croisés quand je pense qu'avec les dérives du gouvernement Abe, le Japon pourrait repartir en guerre». Malgré une forte présence policière, la manifestation dans la capitale n'a pas pu être limitée aux trottoires, le flux de marcheurs étant trop important.

La marche a rassemblé des jeunes et des vétérans de la seconde guerre mondiale. Parmi les slogans proclamés, : «la guerre est finie !», «Non à la guerre !», «Arrêtez les lois sur la défense !», «Abe, démissionne», revenaient fréquemment. Une grande pancarte noire, décorée de ballons, était déployée au milieu de la foule et lisait : «Abe doit démissionner». Des personnalités avaient pris part à la marche, telles que le musicien Ryuichi Sakamoto (compositeur oscarisé de la musique du film «Le Dernier Empereur»).

Plusieurs leaders d'opposition ont également pris part du cortège, notamment Katsuya Okada, à la tête du principal parti d'opposition - le Parti Démocratique du Japon. «Il faut qu'Abe comprenne que le public est en colère. Il faut travailler ensemble pour arrêter cette loi», a affirmé Okada, à l'adresse des manifestants.

Saluées par les États-Unis, ces lois sont nécessaires, selon le Premier ministre Shinzo Abe, face à la montée en puissance de la Chine et l'imprévisibilité de la Corée du Nord. Les manifestations du 30 août ne sont que la suite d'un large mouvement qui secoue le pays depuis l'annonce des lois de défense, le 23 août.

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