Une omission qui coûte cher : après avoir été accusé d'avoir sciemment caché les chiffres des crimes les plus graves commis par des demandeurs d'asile dans le pays, le secrétaire d'Etat néerlandais à la Justice et à la Sécurité, Mark Harbers (VVD, centre-droit), a annoncé sa démission le 22 mai.
Depuis une semaine, le responsable politique, dont le portefeuille englobe l'Asile et la Migration, est pilonné par l'opposition. Dans son rapport sur la criminalité des demandeurs d'asile remis à la Chambre basse du Parlement, des infractions telles que le vol à l'étalage ont en effet été mentionnées de manière spécifique... tandis que des crimes plus graves comme les agressions sexuelles, meurtres ou homicides involontaires ont été regroupés dans la catégorie «autres».
La politique peut être dure
C'est le journal néerlandais De Telegraaf qui a mis en lumière l'omission de catégories plus détaillées. Cette révélation a déclenché un torrent de critiques dans le monde politique du pays, de nombreux députés se demandant s'il s'agissait d'une décision délibérée.
Mark Harbers, membre du parti libéral du Premier ministre Mark Rutte, a annoncé lors d'un débat à la Chambre basse qu'il allait présenter sa démission au roi Willem-Alexander. Une démission acceptée par le souverain, a fait savoir le cabinet royal dans un communiqué diffusé dans la foulée.
Le gouvernement Rutte mis sous pression par la poussée des partis populistes
Le secrétaire d'Etat mis en cause a estimé que l'affaire avait «affecté la confiance» des parlementaires. S'il a dit assumer «l'entière responsabilité» de l'omission, il a cependant affirmé que celle-ci était «totalement involontaire», ont rapporté les médias néerlandais.
Le chef du gouvernement, Mark Rutte – dont le premier mandat a notamment été marqué par sa promesse de réduire de moitié l'immigration aux Pays-Bas – a expliqué sur Twitter «respecter» la décision de Mark Harbers. «La politique peut être dure», a-t-il également concédé. L'intérim du secrétariat d'Etat à la Justice et à la Sécurité sera assumé par le ministre de la Justice et de la Sécurité, Ferdinand Grapper, en attendant une nouvelle nomination. Le Premier ministre est par ailleurs sous la pression d'un parti populiste, anti-immigration et euro-sceptique, le Forum pour la démocratie (FvD), qui a bouleversé le paysage politique néerlandais en remportant une victoire aux élections provinciales de mars 2019, faisant de lui le plus important du Sénat alors qu'il n'existe que depuis deux ans.
En outre, la démission du secrétaire d'Etat intervient alors que les électeurs néerlandais se préparent à aller voter aux élections européennes qui pourraient se solder par une poussée des partis populistes aux Pays-Bas, selon les derniers sondages. Ironie du sort, elle a lieu le même jour que l'annonce de l'arrestation d'un demandeur d'asile syrien résidant aux Pays-Bas, soupçonné de «crimes de guerre et crimes terroristes» en tant que commandant au sein du groupe djihadiste Front al-Nosra.
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