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Expert du Moyen-Orient : les djihadistes sont non seulement chanceux, mais aussi puissants

Tandis que l’armée irakienne subit de nouveaux échecs dans sa lutte contre les combattants de l’Etat islamique, l’expert du Moyen-Orient Edmund Ghareeb juge les attaques perpétrées à l’encontre de Daesh pas suffisantes pour affaiblir les djihadistes.

RT : Près de 60 soldats et militaires irakiens ont été tués vendredi dans un assaut contre leur convoi à l’ouest de Ramadi, attaque revendiquée par Daesh. Pensez-vous que les djihadistes ont tout simplement eu de la chance ou cela démontre-t-il que l’armée irakienne n’est pas suffisamment préparée à combattre?

Edmund Ghareeb : Je crois que c’est une combinaison des deux. Il n’y a aucun doute que c’est un coup sévère porté aux Irakiens, surtout après la mort de deux de leurs généraux et après les événements récents des derniers mois. Il y a eu la chute de Mossoul, celle de Ramadi et d’autres revers encore. Cela montre ainsi certaines faiblesses dans la formation, l’organisation et la structure de l’armée irakienne d’une certaine mesure. Il y a aussi une part de chance parfois. Dans une guerre de ce type vous avez toujours des succès et des défaites. Mais cette dernière attaque est certainement un coup dur.

RT : Malgré les frappes aériennes de la coalition visant à tenir les djihadistes loin de Bagdad, les combattant de Daesh ont néanmoins réussi à s’avancer et se trouvent en ce moment à juste 100 kilomètres de la capitale. Pourquoi ces frappes ne sont pas plus efficaces ?

Edmund Ghareeb : C’est la question que beaucoup de personnes se posent. Est-ce que cela fait partie de la stratégie visant à mettre la pression sur le gouvernement irakien pour qu’il poursuive une certaine politique ou sur d’autre acteurs ? Certains responsables américains ont affirmé qu’essentiellement il n’y a pas de forte armée motivée pour combattre au sol et insistent sur la nécessité de coordonner frappes aériennes et actions des combattants sur le terrain.

D’autres ont critiqué l’incapacité de la coalition de lancer des tirs efficaces. Par exemple, en Irak avant l’attaque sur Ramadi, il y a eu des vols au-dessus de la zone mais aucune attaque n’a été portée. La même chose a eu lieu à Palmyre et en Syrie.

RT : La coalition ne s’est-elle pas attaquée à un trop gros morceau avec l’Etat islamique ?

Edmund Ghareeb : C’est une partie du problème. Je suis d’accord avec un général américain qui a dit il y a quelques mois que «le problème c’est qu’on ne comprend toujours pas ce groupe et jusqu’à ce qu’on ne commence à le comprendre, on ne sera pas capable de les battre». Nous devons les comprendre, comprendre leurs idées.

Mais de l’autre côté, il y a la complexité de cette campagne, de ces combats où il y a tellement de forces impliquées, avec des renforts alliés ou ennemis qui arrivent presque chaque semaine ou chaque année, et cela affecte la façon dont le combat est mené.