En Afghanistan, la militante pour les droits des femmes Mina Mangal a été abattue à bout portant en plein jour à 7h du matin le 11 mai à Kaboul, alors qu'elle quittait son domicile. Les deux tueurs ont approché leur victime à moto avant de faire feu, mais aucun suspect n'a pour le moment été arrêté.
Quelques jours plus tôt, la jeune femme avait confié, dans un message publié sur Facebook, faire l'objet de menaces de mort et craindre pour sa vie. Elle y affirmait qu'une «femme forte ne d[evait] pas avoir peur de la mort».
Prise de position publique contre le mariage forcé
L'ancienne journaliste et présentatrice des informations en langue pachtoune s'était fait connaître lorsqu'elle avait pris position publiquement, en 2017, contre son propre mariage arrangé. Cette célébrité était devenue conseillère à la Commission des affaires culturelles du Parlement. Elle se rendait sur son lieu de travail quand elle a croisé ses tueurs qui l'ont criblée de neuf balles.
Selon la BBC, la Cour suprême afghane et plusieurs groupes de la société civile, dont la Commission sur les violences faites aux femmes, ont appelé à ce qu'une enquête minutieuse soit lancée. Même si les coupables sont toujours en fuite et bien que le mobile n'ait pas été établi, la famille de la victime a évoqué la piste de son ex-époux, dont elle avait obtenu le divorce en mai 2019. Mina Mangal l'avait quitté deux ans plus tôt et l'avait accusé de violences conjugales.
Le père de l'activiste a déclaré à la BBC : «J'ai perdu une fille intelligente et active à cause d'une dispute familiale. Je demande au gouvernement pourquoi il n'a pas pu protéger ma fille, et me l'a fait perdre.» Il a insisté sur l'urgence de veiller sur les femmes actives, qui sortent de chez elle pour travailler.
Un contexte de régression pour les droits et la sécurité des femmes
En Afghanistan, l'onde de choc provoquée par la mort de Mina Mangal a conduit de nombreuses femmes, politiques ou non, à réclamer des mesures spéciales pour leur protection.
Zalma Kharooty, journaliste officiant sur la chaîne Lemar TV et ancienne consœur de Mina Mangal, a elle aussi exigé du gouvernement davantage de sécurité : «Dans un pays où, en tant que journaliste, ma vie est en danger, je ne veux pas que le gouvernement se montre reconnaissant pour notre travail mais qu'il se concentre sur les moyens de nous protéger.» 18 journalistes ont en effet été tués en Afghanistan au cours des 16 derniers mois, dont trois depuis le début de l'année 2019.
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