Jeudi 9 mai
Le président américain, Donald Trump, a affirmé ce 9 mai que les Iraniens s'étaient montrés «très menaçants», sans autres précisions, pour expliquer sa décision d'envoyer un porte-avions et plusieurs bombardiers B-52 dans la région.
Lors d'un échange avec des journalistes, il a par ailleurs fait savoir qu'il était «ouvert à la discussion» avec Téhéran.
La Russie a «fermement condamné» ce 9 mai les sanctions des Etats-Unis contre l'Iran et a appelé toutes les parties au dialogue afin de sauver l'accord sur le nucléaire iranien. «Les Etats-Unis viennent d'introduire un nouveau paquet de sanctions visant l'industrie métallurgique iranienne», a fait savoir le ministère russe des Affaires étrangères, appelant l'Iran et les autres pays impliqués à se rencontrer afin de «déterminer les moyens de normaliser la situation».
En marge du sommet de Sibiu, le président français Emmanuel Macron a affirmé «qu’il ne faut pas tomber dans la fébrilité, dans l’escalade, et il faut travailler a préserver la place de l’Iran dans cet accord».
Dans un communiqué commun, les pays européens impliqués dans le dossier du nucléaire iranien, Allemagne, France et Royaume-Uni, ainsi que l'Union européenne rejettent «l'ultimatum» de l'Iran, qui leur a donné 60 jours avant de remettre en cause de nouveaux aspects de l'accord. «Nous rejetons tout ultimatum et nous évaluerons le respect par l'Iran de ses engagements en matière nucléaire», préviennent ces pays ainsi que la Haute représentante de l'UE pour la politique étrangère, Federica Mogherini.
«Nous demeurons pleinement attachés à la préservation et à la mise en œuvre intégrale de l'accord sur le nucléaire, une réalisation essentielle dans l'architecture mondiale de non-prolifération nucléaire, qui est dans l'intérêt de la sécurité de tous», expliquent-ils, appelant l'Iran à «s'abstenir de toute escalade».
Ils rappellent leurs «engagements fermes dans le cadre de l'accord, notamment ce qui concerne la levée des sanctions au profit du peuple iranien». A cet égard, ils «regrettent que les États-Unis aient à nouveau imposé des sanctions après leur retrait de l'accord» en 2018.
Mercredi 8 mai
La France a fait part de sa «préoccupation» et appelé à éviter toute action susceptible de conduire à une «escalade». «Il importe d’éviter toute action qui empêcherait la mise en œuvre de leurs obligations par les parties aujourd’hui engagées dans l’accord ou qui alimenterait une escalade», a en effet déclaré un porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères.
Donald Trump a imposé le 8 mai de nouvelles sanctions contre «les secteurs iraniens du fer, de l'acier, de l'aluminium et du cuivre» pour renforcer la pression sur le régime de Téhéran, et a menacé de prendre de nouvelles mesures si l'Iran ne «change pas radicalement d'attitude». Un an après son retrait du texte international de 2015 sur le nucléaire iranien, le président des Etats-Unis a toutefois réaffirmé dans un communiqué son espoir de «rencontrer un jour les dirigeants de l'Iran pour négocier un accord».
Thierry Coville, chercheur à l'IRIS et spécialiste de l'Iran, s'est exprimé sur RT France quant à la suspension par l’Iran de certains de ses engagements de l'accord sur le nucléaire de 2015. Il rappelle que l'Iran a respecté cet accord alors que les Etats-Unis l'ont quitté en mai 2018, plongeant le pays dans une grave crise économique et sociale.
Les Etats-Unis ne seront «jamais otages du chantage nucléaire du régime iranien», a prévenu l'émissaire américain pour l'Iran Brian Hook. «Le régime a annoncé aujourd'hui, à l'occasion de l'anniversaire de notre retrait de l'accord» censé empêcher Téhéran de fabriquer la bombe atomique, «qu'il entendait étendre son programme nucléaire», a affirmé le diplomate à des journalistes. «C'est contraire aux normes internationales et c'est une autre tentative de chantage nucléaire de la part du régime», a-t-il ajouté.
L'annonce de l'Iran de s'affranchir de certains de ses engagements pris dans le cadre de l'accord international sur son programme nucléaire de 2015, est «intentionnellement ambiguë», a fait avoir ce 8 mai le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, en visite à Londres. «Il faut que nous attendions de voir quelles seront vraiment les actions de l'Iran» avant de décider d'une réponse américaine, a-t-il ajouté.
«Nous sommes extrêmement préoccupés par cette annonce», a affirmé le porte-parole du Premier ministre Theresa May.
Un peu plus tôt, le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères Mark Field à la Chambre des communes avait pour sa part déclaré : «L'annonce du jour de la part de Téhéran est (...) une démarche inopportune. Nous incitons l'Iran à ne pas prendre d'autres décisions menant à l'escalade et de respecter ses engagements».
L'Allemagne a appelé l'Iran au respect de la totalité de l'accord sur le nucléaire. «Oui nous souhaitons conserver le JCPOA. Nous, les Européens, les Allemands apporterons notre contribution et attendons que l'Iran mette en oeuvre [l'accord] dans sa totalité», a déclaré à la presse Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière allemande.
Le Kremlin a dénoncé la «pression déraisonnable» subie par l'Iran qui a poussé la République islamique à annoncer qu'elle cessait d'appliquer certains de ses engagements pris en vertu de l'accord sur le nucléaire iranien de 2015.
Le président russe Vladimir Poutine «a dit que des décisions irréfléchies et arbitraires, menant à une pression déraisonnable sur l'Iran, provoqueraient des mesures fâcheuses par la suite, auxquelles nous sommes confrontées aujourd'hui», a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Il a ajouté que la Russie restait «engagée» à l'accord sur le nucléaire iranien.
«Nous ne laisserons pas l'Iran se doter de l'arme nucléaire», a affirmé le Premier ministre Benjamin Netanyahu lors d'une cérémonie à Jérusalem à l'occasion de la journée annuelle du souvenir à la mémoire des soldats tués en service et des victimes d'attentats.
Devant la presse, le porte-parole de la diplomatie chinois Geng shuang a lui déclaré : «Maintenir et appliquer l'accord est de la responsabilité de toutes les parties». Il a souligné que Pékin s'opposait aux sanctions américaines contre Téhéran et a appelé «toutes les parties en présence à faire preuve de retenue, à renforcer le dialogue et à éviter une escalade des tensions.»
Interrogée sur BFMTV au sujet de l'annonce du ministère des Affaires étrangères iranien, la ministre française des Armées Florence Parly a déclaré que la question de sanctions européennes contre l'Iran serait posée «si ces engagements n'étaient pas respectés».
De nombreux pays ont réagi à l'annonce du ministère iranien des Affaires étrangères, ce 8 mai, de la décision de Téhéran de suspendre l'application de certains de ses engagements conclus dans le cadre de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien (JCPOA, acronyme anglais de Joint Comprehensive Plan of Action), ratifié en 2015. La France, la Chine et Israël sont parmi les premiers à avoir exprimé leur inquiétude face à la décision iranienne.
Lire aussi : Accord sur le nucléaire : l’Iran suspend certains de ses engagements