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Un diplomate français provoque la fureur des autorités israéliennes en évoquant un «apartheid»

Le ministère israélien des Affaires étrangères a annoncé avoir convoqué l'ambassadrice de France pour «protester» contre des propos tenus par l'ex-ambassadeur français à Washington comparant l'occupation israélienne en Cisjordanie à un «apartheid».

Le tout fraîchement retraité Gérard Araud, qui était jusqu'au 19 avril ambassadeur de France aux Etats-Unis, a provoqué la colère de l'exécutif israélien en parlant d'«apartheid» à propos de l'occupation israélienne de Cisjordanie. 

Dans une interview au magazine américain TheAtlantic publiée le 19 avril à la faveur de son départ, Gérard Araud a évoqué la prochaine initiative diplomatique américaine pour tenter de résoudre le conflit israélo-palestinien sur laquelle il ne se fait semble-t-il guère d'illusions.

Selon le diplomate, l'Etat hébreu veut éviter la création d'un Etat palestinien tout en refusant d'accorder la nationalité israélienne aux Palestiniens. 

«Donc, ils devront rendre cela officiel, ce qui est, nous connaissons la situation, [...] un apartheid», a jugé Gérard Araud qui a été ambassadeur en Israël de 2003 à 2006. 

«Il y aura officiellement un Etat d'apartheid». Israël l'est «déjà en réalité», a-t-il insisté.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a convoqué le 29 avril l'ambassadrice de France en Israël, Hélène Le Gal, eu égard à cette interview du diplomate qui a «qualifié Israël d'Etat d'apartheid», a indiqué 30 avril le porte-parole du ministère dans un communiqué. 

«Nous avons fermement protesté contre ces propos», a-t-il ajouté. 

«Je parlais de la Cisjordanie.», s'est défendu Gérard Araud sur Twitter. 

«Israël dans ses limites de 67 n’est ni un État colonial ni un régime d’apartheid», a notamment justifié le diplomate dans un autre tweet. Il a précisé qu'il ne revenait pas sur ses propos accordés à The Atlantic.

Un «peuple dominant l'autre»

L'occupation depuis 1967 de la Cisjordanie et l'extension des colonies israéliennes sur ce territoire palestinien, illégales aux yeux de la communauté internationale, ont imposé deux lois différentes selon Gérard Araud : une pour les Israéliens, l'autre pour les Palestiniens «sur le même territoire avec un peuple dominant l'autre».  

Les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens sont au point mort depuis 2014. L'administration américaine a promis une initiative diplomatique qui devrait être dévoilée après le ramadan, le mois de jeûne musulman qui s'achève début juin. 

Les Palestiniens rejettent le statut de médiateur aux Américains, coupables à leurs yeux d'avoir multiplié les initiatives pro-israéliennes depuis l'arrivée au pouvoir du président Donald Trump, comme la reconnaissance de Jérusalem comme la capitale d'Israël.

Début avril, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avait promis d'annexer des colonies israéliennes en Cisjordanie occupée. Si appliquée, cette décision pourrait sonner le glas de la solution dite «à deux Etats», c'est-à-dire la création d'un Etat palestinien coexistant aux côtés d'Israël. 

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