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Venezuela : Guaido appelle à la grève, Maduro promet de punir les «traîtres» (EN CONTINU)

Apparaissant entouré de militaires, l'opposant et autoproclamé président par intérim Juan Guaido a appelé les Vénézuéliens et l'armée à le soutenir pour mettre fin «définitivement à l’usurpation», relançant la crise politique dans le pays.

Jeudi 2 mai

Le gouvernement vénézuélien a demandé aux Etats-Unis de protéger son ambassade à Washington, peu après un incident entre partisans et adversaires du président Nicolas Maduro devant la représentation diplomatique.

«Nous exigeons au Département d'Etat américain de remplir ses obligations en tant que signataire de la convention de Vienne sur les relations diplomatiques et de protéger le bâtiment de l'ambassade du Venezuela à Washington, comme notre gouvernement protège [les installations des Etats-Unis à Caracas]», a écrit le ministre des Affaires étrangères vénézuélien Jorge Arreaza sur Twitter.

 Donald Trump a appelé à la fin de la «répression brutale» au Venezuela où le président Nicolas Maduro a appelé l'armée à «combattre tous les putschistes».

«Nos prières accompagnent le peuple du Venezuela dans son juste combat pour la liberté», a déclaré le président américan depuis les jardins de la Maison Blanche à l'occasion de la «Journée nationale de prière». «La répression brutale du peuple vénézuélien doit s'achever et doit s'achever rapidement», a-t-il ajouté.

«Oui, nous sommes en plein combat, le moral doit être au maximum dans cette lutte pour désarmer tous les traîtres, tous les putschistes», a déclaré Nicolas Maduro qui s'exprimait, entouré de soldats, dans un discours radio-télévisé tôt dans la matinée.

L'opposant Juan Guaido a appelé à une grève générale et à une poursuite des manifestations au Venezuela dans l'espoir de chasser du pouvoir le président Nicolas Maduro, lequel a promis de châtier les «traîtres» responsables du soulèvement militaire raté du 30 avril.

Lire aussi : Coup d'Etat : Maduro était-il sur le point de fuir le Venezuela pour Cuba ?

Si les habitants de Caracas sont sortis en masse en soutien à Juan Guaido, ce dernier ne semble pas avoir réussi son pari de faire du 1er-Mai la «plus grande manifestation de l'histoire du Venezuela». «Demain, nous allons accompagner la proposition de grève tournante pour arriver à la grève générale», a-t-il déclaré devant quelques milliers de ses partisans.

«Je m'engage à faire en sorte que ceux qui ont voulu tirer contre un peuple qui a décidé d'être libre se repentent de la mort. Tout cela doit s'arrêter», a en outre réagi Juan Guaido sur Twitter après l'annonce, par l'Observatoire vénézuélien des conflits sociaux.

Une femme de 27 ans est morte le 1er mai au soir à l'hôpital, après avoir reçu une balle dans la tête pendant une manifestation contre le président vénézuélien Nicolas Maduro à Caracas, selon l'Observatoire vénézuélien des conflits sociaux.

Mercredi 1 mai

Des partisans de Maduro et de Guaido se sont affrontés le 1er mai, et ont été vus en train de jeter des bombes lacrymogènes sur l'autoroute Francisco Fajardo à Caracas.

Lors du même entretien téléphonique, le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo a déclaré à son homologue russe que «l'intervention de la Russie et de Cuba était déstabilisante pour le Venezuela et pour la relation bilatérale Etats-Unis/Russie», a fait savoir la porte-parole du département d'Etat Morgan Ortagus.

Le diplomate américain a également «pressé la Russie à mettre fin à son soutien à Nicolas Maduro et à rejoindre le rang des nations, y compris l'écrasante majorité des pays occidentaux, qui souhaitent un futur meilleur pour le peuple vénézuélien».

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé ce 1er mai «l'influence destructrice» des Etats-Unis au Venezuela auprès de son homologue américain Mike Pompeo. Quelques heures avant, Washington avait déclaré qu'une action militaire était «possible si nécessaire».

Le chef de la diplomatie russe a estimé que «l'ingérence de Washington dans les affaires du Venezuela est une violation flagrante du droit international». Il a en outre déclaré que «cette influence destructrice n'a rien à voir avec la démocratie». «La poursuite de ces étapes agressives est lourde de conséquence», a encore déclaré Sergueï Lavrov au cours de sa conversation avec Mike Pompeo.

Il a ajouté que «seul le peuple vénézuélien a le droit de décider de son destin, réclamant pour cela le dialogue de toutes les forces politiques du pays, ce que reconnait depuis longtemps le gouvernement».

Venezuela : une intervention militaire américaine serait «possible si nécessaire» selon le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo. «Nous préférerions une transition pacifique au pouvoir, avec le départ de Maduro et la tenue d'une nouvelle élection, mais le président a clairement fait savoir qu'à un certain moment il faut savoir prendre des décisions», a poursuivi Mike Pompeo, ajoutant : «Il est prêt à faire ce qui s'impose.»

Mardi 30 avril

L'Union européenne a réagi par la voix de Federica Mogherini, dans la soirée du 30 avril. «L'Union européenne suit de près les derniers événements au Venezuela. Nous réaffirmons qu'il ne peut y avoir qu'une solution politique, pacifique et démocratique pour sortir des crises multiples qu'affronte le pays», a déclaré le chef de la diplomatie européenne dans un communiqué.

Le président des Etats-Unis Donald Trump a tweeté en réaction aux tensions en cours à Caracas : «Les Etats-Unis se tiennent aux côtés du peuple vénézuélien et de sa liberté.»

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a condamné sur Twitter «la tentative de coup d'Etat» de l'opposant Juan Guaido, qui a affirmé avoir rallié des militaires, contre le président Nicolas Maduro.

«En tant que pays qui a combattu contre les coups d'Etat et connu les conséquences négatives causées par les coups d'Etat, nous condamnons la tentative de coup d'Etat au Venezuela», a écrit sur Twitter le président turc. «Le monde entier doit respecter les préférences démocratiques des Vénézuéliens».

Le ministre de la Défense du Venezuela, le général Vladimir Padrino, a annoncé dans un tweet qu'un colonel de la Garde nationale bolivarienne avait été blessé au cou par balle. 

«Je dénonce la violente agression dont a été victime le colonel Yerzon Jimenez Baez, chef des opérations du CZGNB-43 [Garde nationale], touché par une balle au niveau du cou sur l'autoroute Francisco Fajardo. Pour le moment il entre en salle d'opération. Je tiens les dirigeants politiques de l'opposition pour responsables», a-t-il tweeté.

«Ce n'est pas une tentative de coup d'Etat venant des militaires. C'est directement planifié depuis Washington, au Pentagone et au Département d'Etat, et par [le conseiller à la sécurité nationale des États-Unis, John] Bolton», a déclaré le ministre vénézuélien des Affaires étrangères Jorge Arreaza à l'agence Reuters.  

«Ils sont en train de diriger ce coup d'Etat et donnent leurs ordres à ce [Juan] Guaido», a-t-il ajouté non sans assurer que le président Maduro avait le contrôle total du pays, avec le soutien des militaires. 

Des images montrant des gardes nationaux et ce qui semble être des civils armés tirer en l'air avec leurs armes, faisant fuir la foule, ont été largement diffusées sur les chaînes de télévision et sur les réseaux sociaux. 

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres a exhorté, via son porte-parole, Stéphane Dujarric, «toutes les parties à éviter de recourir à la violence» et a demandé «des mesures immédiates pour faire revenir le calme». 

Il exhorte aussi «toutes les parties à observer la plus grande retenue».

«Nous avons discuté avec nos alliés de la communauté internationale et nous avons leur soutien ferme dans ce processus irréversible de changement dans notre pays. L'[Opération liberté] commence et nous allons résister jusqu'à obtenir un Venezuela libre», a affirmé Juan Guaido sur Twitter. 

Depuis Washington, le représentant de Juan Guaido aux Etats-Unis Carlos Vecchio a de son côté appelé le «peuple» à «rester dans la rue».  

«L'appel que nous lançons maintenant à notre peuple, c'est de rester dans la rue pour conquérir sa liberté [...]. C'est le moment [pour Maduro] de quitter le pouvoir. Il est temps que [son] ambition cesse de causer davantage de souffrances au Venezuela», a-t-il déclaré aux journalistes. 

«Je les tiens responsables [l'opposition] de tout acte de violence, décès ou bain de sang», a déclaré le ministre de la Défense du Venezuela, le général Vladimir Padrino, dans un discours prononcé en présence du haut commandement militaire et au cours duquel il a réitéré son soutien au président Maduro. 

Des images montrant des camions, manifestement des forces de l'ordre, foncer sur une foule de manifestants ont été diffusées par plusieurs TV et largement partagées sur les réseaux sociaux.

ATTENTION LES IMAGES SUIVANTES PEUVENT HEURTER LA SENSIBILITE

Le ministère russe des Affaires étrangères a accusé l'opposition d'attiser la violence au Venezuela. «L'opposition radicale au Venezuela est une fois de plus revenue aux méthodes violentes de confrontation», a ainsi déclaré le ministère. Et d'ajouter : «Au lieu de régler pacifiquement leurs différends politiques, ils ont adopté une ligne visant à attiser le conflit, et provoquer violations de l'ordre public et affrontements impliquant les forces armées».

La diplomatie russe a en outre appelé à abandonner la violence, déclarant que les problèmes du Venezuela devraient être résolus par des négociations sans conditions préalables. 

Les images filmées par l'agence Ruptly aux alentours de la base militaire de Caracas depuis laquelle Juan Guaido a lancé son appel montrent des heurts entre manifestants et forces de l'ordre. 

L'opposant Juan Guaido continue d'encourager ses partisans sur les réseaux sociaux.

«Mes frères, nous sommes en train de faire l'histoire. La fin de l'usurpation est irréversible», a-t-il notamment écrit à l'attention des manifestants «dans les rues du Venezuela» sur Twitter. 

«Les Etats-Unis avec leur ingérence et en promouvant leur coups d'Etats cherchent à provoquer la violence et la mort au [Venezuela], peu leur importe les pertes humaines, seuls leurs intérêts [comptent]. Nous devons rester vigilants et unis pour que les putschistes ne reviennent jamais dans notre région», a dénoncé Evo Morales sur Twitter. 

Le président bolivien a par ailleurs appelé les gouvernements d'Amérique Latine à «condamner le coup d'Etat» et à empêcher la violence contre des «vies innocentes». 

Le gouvernement espagnol a appelé à éviter toute «effusion de sang», soulignant que la solution à la crise devait venir d'un «mouvement pacifique».

«Nous souhaitons de toutes nos forces qu'aucune effusion de sang ne se produise. Nous appuyons un processus démocratique pacifique» et appelons «à la convocation immédiate d'élections», a déclaré devant la presse la porte-parole du gouvernement Isabel Celaa.

Le ministre brésilien des Affaires étrangères Ernesto Araujo a jugé «positif» l'action des militaires ayant fait défection et rejoint Juan Guaido, tout en restant prudent sur l'ampleur de ce ralliement. 

«C'est évident qu'il y a du mouvement, mais il faut analyser la dimension réelle de ce qui se passe en ce moment, nous recevons de nouveaux éléments chaque minute», a-t-il ainsi précisé. 

Le président Jair Bolsonaro a reconnu Juan Guaido comme «président par intérim» du Venezuela en janvier dernier et l'a reçu comme un chef d'Etat dans son pays en février. Le Brésil a cependant écarté jusqu'à présent toute intervention militaire dans le pays voisin. 

Le président Maduro a affirmé avoir parlé avec les chefs de l'armée vénézuélienne qui lui ont assuré «leur totale loyauté». Le chef d'Etat a  en outre affirmé sur Twitter avoir des «nerfs d'acier».

Dans son message, Nicolas Maduro a également appelé à une «mobilisation populaire maximale pour la assurer la victoire de la paix». Avant de conclure : «Nous vaincrons !»

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé la nouvelle tentative de Juan Guaido de s'emparer du pouvoir au Venezuela. Pour le leader de la France insoumise, les soldats qui se sont affichés avec l'opposant ne sont qu'un «quarteron de militaires ultra-minoritaire». 

Juan Guaido est par ailleurs taxé de «marionnette» par le député ; quant à la Colombie, qui a appelé l'armée à rejoindre l'opposant, elle est jugée d'«extrême droite». «[Macron] approuve la tentative de putsch militaire ?», interroge le leader de gauche à la fin de son message. 

«Selon les chiffres les plus optimistes de l'opposition, il y a 0,1 % des policiers et des militaires qui ont déserté», a affirmé Romain Mingus sur l'antenne de RT France. L'écrivain et journaliste estime que la situation est pour l'instant sous contrôle des autorités vénézuéliennes. 

«250 000 militaires, 200 000 policiers pour 1000 déserteurs», a-t-il précisé peu après sur Twitter pour, étayer ses déclarations. 

Des images publiées par la chaîne de télévision Colombienne NTN24 montrent des scènes de panique dans les rues de Caracas. Des tirs de gaz lacrymogènes sont visibles et des détonations se sont fait entendre dans la zone de la base aérienne La Carlota. 

Le président colombien Ivan Duque a appelé l'armée vénézuelienne à rejoindre Juan Guaido. 

«Nous lançons un appel aux soldats et au peuple du [Venezuela] pour qu'ils se placent du bon côté de l'histoire et rejettent la dictature et l'usurpation» du pouvoir par le président Nicolas Maduro, écrit le chef de l'Etat colombien sur son compte Twitter.

Le Venezuela est de nouveau en ébullition après que l'opposant Juan Guaido, reconnu président par intérim par les Etats-Unis et une cinquantaine de pays, a lancé un appel à la défection de l'armée dans une vidéo où il apparaît en compagnie de militaires, diffusée sur les réseaux sociaux. 

Des troubles ont touché la capitale, marquée par des échauffourées et secouée par des coups de feux, tandis que plusieurs pays, dont les Etats-Unis, ont d'ores et déjà réagi. «Aujourd'hui, le président par intérim Juan Guaido a annoncé le début de l'Opération Liberté», a tweeté le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo. «Le gouvernement américain soutient pleinement le peuple vénézuélien dans sa quête de liberté et de démocratie», a-t-il ajouté. 

De son côté le commandant stratégique opérationnel de l'armée nationale bolivarienne Remigio Ceballos a réaffirmé la loyauté de l'armée envers le président vénézuelien, évoquant la défection d'un «groupe minuscule de [soldats] désorientés et trompés». 

Le camp présidentiel a appelé de son côté à une manifestation de soutien à Nicolas Maduro. 
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