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Le Japon donne à un navire le nom d'un bateau connu pour ses bombardements en Chine, à Pearl Harbor

La Kaga, nom d'un nouveau porte-hélicoptères japonais, était, dans les années 1940, un porte-avions japonais qui a participé aux bombardements sur Shanghai et à l'attaque de Pearl Harbor. Un choix qui passe mal en Chine.

Jeudi, en grande pompe, le Japon a mis à l'eau son nouveau porte-hélicoptère. De dernière technologie, moderne, il s'agit du plus grand navire militaire construit par le Japon depuis la Seconde Guerre mondiale. Long de 248 mètres, pouvant contenir 14 hélicoptères dédiés à la lutte sous-marine, à la chasse aux mines ou au transport, ce navire crée de vives tensions entre le Japon et son voisin chinois. 

Raidissement militaire tout d'abord, car si le ministre japonais de la Défense affirme que ces navires sont uniquement dédiés à un rôle défensif, la Chine redoute des missions plus offensives en mer de Chine, qui reste une zone de tension entre les deux pays. Crainte d'autant plus forte côté chinois que le Kaga, c'est le nom de ce porte-hélicoptères, est capable d'accueillir des avions de combat.

Désaccord symbolique aussi. Car Kaga, le nom de ce navire, n'a pas été choisi au hasard. Et évoque de très mauvais souvenirs aux Chinois comme aux Américains. Le Kaga en effet, était un porte-avions japonais pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce dernier a servi, en 1937, à bombarder les villes de Shanghaï et Nankin, et laisse forcément un gout amèr aux Chinois. « Si le Japon veut vraiment baptiser son second destroyer porte-hélicoptères Kaga, il doit persuader la Chine (...) qu’il ne cherche pas à provoquer en remuant le couteau dans la plaie », écrit par exemple le Global Times, quotidien chinois proche du Parti communiste.

Le Kaga première version a aussi été utilisé à Pearl Harbour en décembre 1941. Il était alors l'un des navires les plus prestigieux de la flotte japonaise. Il avait finalement été coulé en juin 1942 par la flotte américaine. Du côté des Etats-Unis, allié du Japon, si aucune réaction officielle n'a commenté ce choix japonais, il pourrait assez mal passer auprès des associations d'anciens combattants. 

Ce n'est pas la première fois que le Japon est critiqué par son voisin chinois pour une certaine «nostalgie» de son passé impérial. En août 2014, Shinzo Abe, Premier ministre du Japon, avait adressé un message de condoléances à un temple abritant plus de mille «martyrs», dont certains ont été condamnés pour crimes de guerre. De même, Shinzo Abe s'est rendu plusieurs fois au sanctuaire de Yasakuni, consacré aux morts au combat, mais que la Chine ou la Corée du Sud dénoncent comme un symbole de l'impérialisme japonais. La Chine avait d'ailleurs, en août 2014, estimé que «le gouvernement japonais a besoin de réfléchir sincèrement à son histoire, à ses agressions et à se détourner nettement de son passé militariste».