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Éthiopie : un programme spatial pour lutter contre la pauvreté

L’Éthiopie veut rentrer dans le cercle très fermé des pays disposant d'un programme spatial. Le pays a fait l'acquisition de deux télescopes ultramodernes et s'apprête à tester sa première fusée.

Il y a une trentaine d'année, l’Éthiopie subissait une famine dont les images avaient marqué le monde. En 2015, le pays se lance dans un des projets les plus audacieux du monde moderne : la conquête spatiale. Alors que cette nation d'Afrique de l'Est dépend encore majoritairement des ressources agricoles pour nourrir sa population, un observatoire de haute technologie, équipé de deux télescopes, a été installé. Une première étape, pour Addis-Abeba, qui a déjà le projet d'en créer un second, de lancer une première fusée et de mettre un satellite en orbite.

Le projet a bénéficié de l'apport financier d'un homme d'affaires ethio-saoudien, Mohammed Al-Amoudi, à hauteur de trois millions de dollars. L'idée émanait d'une association : la Société éthiopienne des sciences de l'espace, qui veut promouvoir les vertus de l'astronomie.

«Assurer notre sécurité alimentaire»

Le programme spatial de ce pays de la corne de l'Afrique poursuit deux objectifs. Le premier est financier. Pour les autorités, l'avenir de l’Éthiopie doit passer par la conquête spatiale. Addis-Abeba a l'ambition de mettre un satellite en orbite d'ici cinq ans, pour observer les terres agricoles et servir de relais de communication. Pour Solomon Belay, professeur d'astrophysique et directeur du laboratoire, ce programme spatial pourra aider le pays à sortir de la pauvreté : «les sciences et l’ingénierie sont indispensables pour passer d'une agriculture traditionnelle à une agriculture industrielle».

Le second objectif du projet consiste à élever le niveau scientifique du pays. L'observatoire est destiné à être ouvert au public. Des cours d'astronomie ont par ailleurs été introduit à l'université d'Addis-Abeba. Le projet de satellite doit lui aussi remplir un but scientifique, à des fins d'études météorologiques. Pour la Société éthiopienne des sciences et de l'espace, «Sciences et technologies sont indispensables au développement d'un pays. Notre priorité est d'inciter les jeunes générations à s'engager dans les voies scientifiques».

«Les gens nous prenaient pour des fous»

Outre l'apport financier – qui a été presque entièrement couvert par Mohammed Al-Amoudi, posant trois millions sur les 3,4 millions de dollars nécessaires – c'est au scepticisme que le programme spatiale a du faire face avant de voir le jour. Pour Solomon Belay, c'est l'aboutissement d'un combat de 10 ans cours duquel il a cherché à obtenir le soutien des autorités : «Les gens nous prenaient pour des fous. Le gouvernement était focalisé sur la sécurité alimentaire, pas sur la création d'un programme spatial».

Des éléments révélateurs d'un changement de mentalité au sein des pouvoirs publics d'Addis-Abeba. La Société éthiopienne des sciences de l'espace, qui fait désormais autorité dans le secteur, avait été surnommée, lors de sa création en 2004, «le club des gens fous».