Le 26 août, Angela Merkel s’est rendue pour la première fois dans le berceau du mouvemnent anti-immigration Pegida, à Heidenau, tout près de Dresde dans l’ex-République démocratique allemande pour jauger la situation sur place par elle-même. A son arrivée, elle s'est entretenue avec des réfugiés, les responsables et les bénévoles chargés de l'aide aux immigrés, ainsi qu'avec les forces de sécurité.
Elle a ensuite dû essuyer la colère d’une foule d’environ 200 personnes qui l’ont hué en scandant des slogans comme : «Traîtresse» et «Nous sommes la meute», en référence aux paroles prononcées par le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel, premier qui a avait qualifié les participants aux manifestations contre les migrants de «meute».
Selon les réseaux sociaux, l'extrême droite a demandé aux voitures qui passaient près du centre de réfugiés d’Heidenau de klaxonner, ce que nombre de conducteurs ont fait. Les gens qui sont arrivés sur place pour manifester contre l’arrivée de la chancelière ont été rapidement entourés d’un cordon de police pour éviter que les choses dégénèrent.
La visite de la chancelière est liée à l’incendie d’un nouveau foyer pour les réfugiés qui s’est déclaré weekend après que police et protestataires anti-immigration se soient affrontés lors d’une manifestation xénophobe. Les responsable du centre pour demandeurs d’asile ont été accusés du manque d’empressement à «se saisir des dossiers des réfugiés».
La création de nouveaux foyers pour accueillir les migrants provoquent des troubles croissants au sein de la population allemande. Après les manifestations de ce weekend à Heidenau qui ont réuni plus d’un millier de personnes avec des penchants xénophobes dans les rues de la ville, deux nouveaux incidents contre des centres de réfugiés ont eu lieu dans la nuit du 25 au 26 août, sans faire de blessés.
A Leipzig tout d’abord, un «inconnu a lancé un engin incendiaire à travers la fenêtre ouverte d’un bâtiment» vide où au moins 56 demandeurs d’asile devaient se rendre aujourd’hui. A Parchim, deux hommes ivres, armés d’un couteau ont forcé un centre d’accueil mais ont fini par prendre la fuite.
A Nauen ensuite le 25 août, près de Berlin, la salle de sports d’une école qui devait servir de centre d’accueil pour les réfugiés en septembre a été totalement détruite par les flammes. Les policiers ont bouclé le périmètre autour du bâtiment mais les causes de cette incendie ne sont toujours pas connues.
Malgré la multiplication de ces actes de vandalisme, traduisant une augmentation des tensions en lien avec l’immigration en Allemagne, Angela Merkel avait passé ce sujet sous silence, s’attirant nombre de commentaires peu amènes de la part des internautes.
«Et voilà ce que dit la chancelière. On pourrait reproduire ici un discours pénétrant d’Angela Merkel à la Nation. Est-elle sans voix ? Angela Merkel»
Mais il n’est pas certain que les commentaires de la chancelière allemande qui est sortie de son silence pour critiquer la xénophobie mettent un terme la vague de critiques qui déferlent en ligne.
«La façon dont les extrémistes de droite et les néo-nazis essaient de répandre leur message de haine creux. Mais il est tout aussi honteux de voir des citoyens, et même des familles avec des enfants parmi eux soutenir ces choses», a-t-elle précisé.
Selon l’acte de solidarité européenne salué par la Commission européenne, l’Allemagne accueillera 800 000 réfugiés cette année ce qui est quatre fois plus que l’année dernière.