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Etats-Unis, des rapports de renseignement sur la lutte contre Daesh falsifiés

Une enquête révèle que des responsables militaires ont biaisé des rapports sur les progrès réels de l'armée américaine contre Daesh. Cette révélation éclaire d'un jour nouveau l'implication des Etats-Unis en Irak et en Syrie.

Des responsables militaires auraient faussé les évaluations en terme de renseignement à propos de la campagne militaire américaine en Irak contre l'Etat islamique. 

La raison de ces falsifications? Fournir un compte-rendu plus optimiste quant aux succès rencontrés sur le terrain depuis que les Etats-Unis ont lancé des frappes aériennes contre l'Etat islamique en Irak en août 2014, et en Syrie le mois suivant. 

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Selon le New York Times qui révèle l'affaire, l'inspecteur général du Pentagone a décidé de lancer une enquête interne après qu'un analyste ait prévenu qu'il disposait de preuves selon lesquelles des responsables hauts placés «retravaillaient» dans un sens favorable les conclusions des rapports.

Dans ses accusations, cet employé civil de la Defense Intelligence Agency (DIA) vise expressement les fonctionnaires du CENTCOM, le commandement central américain.

Détail gênant, ces rapports étaient destinés à être lus par les instances politiques les plus hautes, dont évidemment le président Barack Obama.

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Plus largement, selon le journal de référence américain, cette révélation soulève évidemment la question du sens de l'implication et de l'effort des Etats-Unis contre Daesh. Elle éclaire également d'un jour nouveau les affirmations antérieures sur les avancées et progrès américain contre le groupe terroriste en Irak. Cette affaire établit également une interrogation sur le «cloisonnement» visiblement toujours prégnant entre les 16 agences que compte le renseignement américain.

Autre question soulevée, comment appréhender les rapports de renseignement rendus dernièrement? Ainsi, en juillet dernier, le renseignement américain avait établi que si l'intervention de la coalition sous commandement américain avait empêché l'effondrement du gouvernement irakien et abouti à l'annulation de certaines avancées de Daesh, le groupe extrémiste restait cependant une armée bien financée. Surtout, il était toujours en mesure de reconstituer ses rangs avec l'arrivée de djihadistes étrangers. Les services de renseignement avaient également souligné que Daesh s'était étendu à d'autres pays, dont la Libye, l'Egypte et l'Afghanistan.

Plus encore, encore plus récemment, le général John Allen, représentant spécial de la Maison Blanche auprès de la coalition internationale formée contre Daesh, a tenu des propos tranchés sur la question. Lors d'un forum sur la sécurité tenu à Aspen, il a affirmé que Daesh avait été évalué «stratégiquement, opérationnellement, et en gros, tactiquement», avant de conclure «Daesh est en train de perdre».

Quoi qu'il en soit, le Pentagone s'est refusé à tout commentaire sur ces révélations.