Ils sont plusieurs dizaines. Parmi eux : des activistes, des intellectuels et des personnalités, dont certains ont déjà été emprisonnés pour leurs opinions politiques. Ils ont lancé une campagne vidéo, appelant le peuple américain à inciter le parlement des États-Unis à valider les accords sur le nucléaire iranien. De nombreuses personnalités ont pris par à la campagne, comme le célèbre réalisateur Jafar Panahi, la lauréate du prix Nobel de la Paix Shirin Ebadi, l'avocat des droits de l'Homme Nasrin Sotoudeh, ou encore l'activiste Ghoncheh Ghavami.
Des participants aux profils de dissidents, dont beaucoup ont connu des persécutions dans leur pays. Ils ont exprimé leur soutien aux accords trouvés à Vienne, en juillet 2015, après vingt mois de négociations, sur le programme nucléaire de Téhéran. Les activistes estiment que l'accord auquel sont parvenues les puissances occidentales du P5 (USA, Royaume-Uni, France, Russie, Allemagne et Chine) et la République Islamique d'Iran, est un accord juste, qui pourrait stopper la menace de la guerre.
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La raison d'être de la campagne vient d'une querelle au sein de la classe politique américaine et qui prend forme au Congress, le parlement américain. Des opposants aux accords de Vienne ont invoqué les violations aux droits de l'Homme dont est accusé l'Iran comme une raison pour réfuter la légitimité du «Iran Deal». De nombreux Iraniens en exil, opposés aux accords, ont été invités à témoigner devant le Congress, qui doit voter une motion de censure des accords à la mi-septembre. Le président américain Barak Obama a promis de mettre son véto à la motion, mais il devra pour cela disposer d'un fort soutien au parlement. Sans un support suffisant, les opposants aux accords pourraient outrepasser son véto.
Mohammadreza Jalaeipour, un des organisateurs de la campagne, a affirmé que la vidéo avait pour but de montrer «que ceux qui ont payé le prix le plus élevé pour accéder à la démocratie et aux droits de l'Homme en Iran supportent les accords». Des messages vidéos ont été compilés, afin de montrer au monde «que non seulement une majorité écrasante d'Iraniens, mais aussi des activistes avant-gardistes pour la démocratie et les droits de l'Homme, ainsi que des prisonniers politiques et des dissidents de la société iranienne sont de tout cœur avec les accords», a précisé Jalaeipour, qui a déjà passé cinq mois en isolement dans son pays.
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Parmi les messages compilés, l'activiste Ghoncheh Ghavami affirme : «je supporte les accords de Vienne, parce que je pense fortement que les sanctions violent les droits humains des Iraniens». L'activiste anglo-iranienne a aussi passé cinq mois en prison pour avoir participé à un match de volley-ball masculin, attirant à cette occasion l'attention du monde entier. «Il est temps que les Américains prennent contact avec leurs députés et leur demandent de voter en faveur de la paix. Le monde entier les regarde», a-t-elle ajouté.
Le réalisateur mondialement connu Jafar Panahi, auteur du film Taxi, récompensé aux Lions d'Or de Berlin, et qui a fait de la prison pour avoir soutenu le parti écologiste d'opposition en Iran, a également enregistré un message : «je suis un réalisateur. Je travaille avec mon imagination, mais pas seulement, avec une imagination immergée dans la réalité», explique-t-il. «Ce qui se passe au Congrès américain et au sein de la classe politique américaine sort d'une imagination déconnectée de la réalité. Ils pensent ou ils imaginent qu'avec des sanctions ou avec une guerre, on peut accomplir des choses. Ce n'est pas la réalité dans mon pays».
L'unique lauréate iranienne d'un prix Nobel, Shirin Ebadi, s'est également exprimée : «je supporte les accords de Vienne car, comme l'a précisé le président des États-Unis, l'alternative aux accords, c'est la guerre, et la guerre ne va pas dans l'intérêt de l'Iran, du Moyen-Orient, ni du monde».
Les autres messages peuvent être visionnés depuis la chaîne YouTube «We Support Iran Deal».