Quatre ans après l'engagement saoudien dans le conflit au Yémen, la guerre s'enlise, la situation humanitaire se dégrade, sans que l'espoir d'une paix à court terme ne se profile. Selon Tom Peyre-Costa, du Conseil norvégien pour les réfugiés, interviewé par RT France, «tant que les deux camps seront soutenus financièrement, ils continueront la guerre».
Depuis deux ou trois semaines, les combats ont repris à Hodeida dans les parties est et sud
Alors qu'un cessez-le feu dans le port stratégique d'Hodeida (ouest) avait été négocié dans le cadre d'un accord entre les belligérants à Stockholm le 21 décembre 2018, sous l'impulsion de l'envoyé spécial des Nations unies pour le Yémen, Tom Peyre-Costa déplore une récente reprise de conflits sporadiques.
«L'accord de Stockholm comprenait un cessez-le-feu à Hodeida, des dialogues politiques, l'ouverture de corridors humanitaires et des échanges de prisonniers. Jusqu’à maintenant, un arrêt des combats et la réduction des violences ont bien eu lieu, mais ni l'ouverture des corridors humanitaires ne s'est produite, ni les échanges de prisonniers. Et depuis deux ou trois semaines, les combats ont repris à Hodeida dans les parties est et sud», poursuit l'humanitaire.
Pourtant, la vie avait repris dans le port, les magasins avaient rouvert leurs portes, les transports s'étaient remis à fonctionner. Mais cette amélioration toute relative ne pouvait faire oublier l'intensification des attaques sur les civils dans le reste du pays, qui n'était pas concerné par l'accord. 344 civils sont tombés depuis trois mois dans les villes yéménites de Taïz et Hajjah, et au total, 800 civils ont été tués depuis trois mois. Ce chiffre correspond à un doublement des victimes civiles, remarque le porte-parole.
Selon lui, l’accès à l'aide humanitaire dans le pays reste hautement problématique, puisque 80% de la population, soit 24 millions de Yéménites, a besoin d'aide humanitaire, 20 millions ont besoin de nourriture et 10 millions sont au bord de la famine, précise-t-il. Il note que, si à Hodeida, les principaux points de stockage contiennent bien du blé et autres denrées, ces dernières ne peuvent être acheminées à l'intérieur du pays.
Un bilan qui ne cesse de s'alourdir
Trois millions de déplacés, 700 000 habitants partis d’Hodeida, entre 50 000 et 80 000 victimes civiles : le bilan de cette guerre oubliée ne cesse de s'alourdir. Et l'attitude de la communauté internationale ne permet pas d'espérer une résolution rapide.
«Il existe une grande hypocrisie dans ce conflit. La France, l'Angleterre et les Etats-Unis promettent des dons humanitaires énormes. Mais d'un autre coté, ils financent la guerre, et allouent plus d’argent aux bombes qu'à l’aide. A Genève, lors du plan pour le Yémen en février dernier, la France a promis 10 millions, l'Arabie saoudite 500 millions... mais qu'est-ce par rapport aux 280 milliards de dollars en dépenses militaires qui, selon nos estimations, ont été engloutis dans le conflit [depuis ses débuts]», s'interroge Tom Peyre-Costa.
Depuis 2015, le Yémen est le théâtre d'une guerre opposant les rebelles chiites houthis, qui contrôlent la capitale yéménite Sanaa et le port de Hodeida, à une coalition de pays arabes sous commandement saoudien qui défend le gouvernement réfugié à Aden et qui mène régulièrement des raids aériens sur le Yémen.
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