Tous les documents du gouvernement américain portant sur les discussions entre George W. Bush et Tony Blair avaient été placés dans la bibliothèque présidentielle. Or en 2014, ils étaient entrés dans le domaine d'application de la loi de la liberté d'information, ce qui faisait dés lors obligation au gouvernement américain de les rendre publics.
«Quoi que vous décidez de faire, je serai de votre coté»
Le Daily Mail qui avait alors demandé la publication des notes enregistrées notamment lors de la visite de Tony Blair au ranch de George W. Bush en avril 2012.
Car c'est précisément à cette date que le Premier ministre britannqiue est suspecté d'avoir passé un accord secret avec le président américain afin d'envahir l'Irak. Or à l'époque la position publique de Downing Street était que l'option militaire n'était envisageable qu'une fois toutes les autres options épuisées.
Pourtant il est de notoriété publique que Tony Blair avait écrit personnellement une lettre au président Bush en Juillet 2002, soit neuf mois avant le déclenchement de la guerre. Elle commençait alors par ces mots: «Vous savez, George, quoi que vous décidez de faire, je serai de votre coté». Cette lettre est considérée comme essentielle, car elle pourrait révéler dans quelle mesure Tony Blair a fourni un chèque en blanc pour cette guerre.
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Mais, après un combat d'un an pour les rendre publics, ils ont été détruits sur ordre de la Maison Blanche. Les autorités américaines ont en effet bloqué 82 des 97 documents en alléguant des questions de «sécurité nationale».
Selon les autorités américaines, 73 d'entre eux concerneraient des entretiens confidentiels entre le Président et ses conseillers, tandis que deux contiendraient des informations qui« constituerait une atteinte clairement injustifiée à la vie privée». L'information classifiée comprend une note manuscrite non datée dans un dossier intitulé «UK-Blair».
La bibliothèque présidentielle a donc remis au Mail on Sunday les 15 documents non classifiés liés à Crawford, plus 31 autres pages afférantes à des discussions Blair-Bush sur l'Irak entre 2001 et 2007. La Maison Blanche les a cependant expurgé après examen avec les services de renseignement.
L'enquête qui dérange
Cette situation a provoqué la colère des parents de militaires britanniques tués dans le conflit. Plus encore, toute la question est de savoir si la commission parlementaire Chilcot, mise en place en 2009 afin d'enquêter sur le rôle du Royaume-Uni dans la guerre en Irak, a pu étudier ces documents.
Pourtant, interrogé sur cette restriction à l'accès à ces documents qui est de fait une obstruction à l'enquête de la Commission, John Kirby, porte-parole du département d'Etat a avoué son ignorance sur l'existence même de celle-ci.
De son côté, la Commission Chilcot s'est refusée à tout commentaire après les révélations du Daily Mail, se bornant d'indiquer que son mandat et son domaine d'enquête ne portent que sur la participation du gouvernement britannique à la guerre d'Irak.
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Quoiqu'il en soit, c'est un nouveau coup dur pour cette commission qui est placée sous une pression croissante afin qu'elle publie les résultats de son enquête. David Cameron a publiquement déclaré trouvé l'attente «frustrante». Pourtant, ces conclusions ne sont pourtant pas susceptibles d'être rendues publiques avant l'année prochaine, au plus tôt.
Pourtant, d'autres voix s'élèvent au Royaume-Uni pour faire le lien entre les travaux de cette commission et l'actualité. En effet, David Davis, un élu conservateur a publiquement estimé que le Parlement ne devait pas voter l'extension des frappes aériennes contre Daesh en Syrie tant que les conclusions de la commission Chilcot n'avaient pas été publiées.
Selon lui, les similitudes entre la situation irakienne en 2003 et la situation syrienne de 2015 sont si importantes, que si la décision de frapper Daesh en Syrie était prise, une autre commission Chilcot risquerait d'être nécessaire à l'avenir.