Alors qu'il commettait son attaque terroriste dans une mosquée de Christchurch en Nouvelle-Zélande, l'Australien de 28 ans, Brenton Tarrant, portait une caméra corporelle et diffusait les images en direct sur les réseaux sociaux. Il voulait visiblement partager son acte avec le plus grand nombre.
La vidéo d'une durée de près de 17 minutes commence par un trajet en voiture. On devine des armes posées sur le siège passager. Alors qu'il chemine, il s'adresse aux personnes qui visionnent la séquence : «N'oubliez pas de vous abonner à Pewdiepie, les amis.» L'assaillant, qui s'apprête à passer à l'action, fait ainsi allusion au compte YouTube de Felix Kjellberg, chaîne spécialisée dans le gaming et qui est la plus suivie de toute la plateforme. Ce dernier s'est rapidement désolidarisé des actes commis par Brenton Tarrant, se disant «scandalisé» par cette allusion.
En fond, on peut entendre une musique issue d'un clip vidéo bien connu sur YouTube, intitulé «Remove Kebab song» : une captation sonore d'un groupe folklorique serbe en habits militaires chantant à la gloire de Radovan Karadzic, ancien président de la République serbe de Bosnie et condamné à 40 ans d'emprisonnement en 2016 pour génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. L'une des armes brandies par le tueur porte également une allusion à cet élément de langage : «Kebab remover» («éliminateur de kebab» en français).
Une musique martiale retentit ensuite dans l'habitacle alors que le terroriste arrive aux abords de la mosquée qu'il va prendre pour cible. Il entre sur un parking, fait demi-tour et immobilise son véhicule dans le sens propice à une fuite ultérieure.
On voit ensuite le terroriste descendre de son véhicule. Sur le siège passager, on distingue deux armes longues et il porte un fusil d'assaut muni d'une lampe clignotante à la main droite. Brenton Tarrant se dirige vers le coffre de sa voiture, l'ouvre et soulève quelques sacs qui dissimulent d'autres armes décorées d'écriture manuelle : un fusil d'assaut et un fusil à pompe dont il se saisit ; posés à côté : des jerrycans d'essence.
Comme dans un jeu vidéo
Armes à la main, l'homme contourne le parking de la mosquée sous les regards des passants, la musique militaire continue de retentir alors qu'il arrive devant l'entrée du lieu de culte. Brenton Terrant prend tout son temps pour cibler au fusil d'assaut des fidèles en train d'entrer et qui lui tournent le dos. La tuerie commence et évoque fortement une scène de jeu vidéo. Le terroriste progresse sans hâte à l'intérieur de la mosquée, rechargeant à l'envi en continuant sa tuerie. On le voit s'acharner sur plusieurs victimes, s'assurant qu'elles sont mortes en leur tirant dessus à plusieurs reprises.
Il en poursuit certaines dans la rue, retourne à sa voiture pour saisir un autre fusil d'assaut dans son coffre avant de retourner sur le parking faire une nouvelle victime, puis revenir dans la salle de prière pour en achever d'autres. De retour sur le parking, il tue une femme qui essayait de s'enfuir avant de lui rouler dessus en quittant le site de son méfait. Fusil à pompe en main, il tire à nouveau pour faire d'autre victimes à travers son pare-brise, aux abords de la mosquée.
S'ensuit une séquence où le tueur roule à une vitesse assez élevée alors que des sirènes commencent à retentir dans le lointain. Parle-t-il au téléphone ou aux personnes qui regardent la séquence vidéo ? On l'entend en tout cas se féliciter de la façon dont s'est déroulée son attaque et particulièrement du nombre de personnes touchées.
Selon l'analyse du site d'information The Verge, le mode opératoire de Brenton Tarrant était destiné à engranger le maximum de vues sur internet. En plus de l'allusion au compte Pewdiepie, probablement afin d'attirer l'attention des internautes, le tueur a posté sa vidéo sur Facebook, YouTube, Twitter et Instagram. Par ailleurs, il avait posté sur la plateforme 8chan plusieurs liens, dont un renvoyant vers une page Facebook qui devait diffuser la vidéo de l'attaque et un autre renvoyant vers son manifeste de 74 pages, intitulé Le Grand remplacement. Facebook a supprimé cette page, mais la vidéo avait déjà été téléchargée ailleurs.
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